mai 2012  

Face aux mesures de guerre du gouvernement libéral de Charest, mobilisons les gros bataillons de la classe ouvrière !

La grève étudiante québécoise :
il faut vaincre l’attaque capitaliste



 

La Sûreté du Québec ouvre le feu à Victoriaville le 4 mai contre l’ « ennemi » : les étudiant-es en
grève et les contestataires des politiques de privatisation et répression.  Il faut appeler à une force
plus grande, celle de la classe ouvrière. 
(Photo: Le Soleil)


Contre la privatisation et marchandisation de l’éducation publique :
luttons pour la révolution socialiste !

20 MAI 2012 – Depuis plus de trois mois, les étudiants et étudiantes du Québec font la grève contre le plan du gouvernement de Jean Charest, du Parti Libéral, d’imposer une hausse massive des frais de scolarité. En ayant mobilisé jusqu’à 300 000 grévistes, les étudiants ont bouleversé la nation québécoise. C’est la plus grande mobilisation étudiante de l’histoire du Québec et une des plus acharnées luttes sociales au Canada des dernières décennies. Elle revêt une importance internationale capitale, tout aussi comme la grève étudiante de huit mois au Chili l’année dernière. Ce sont parmi les principaux combats actuels contre la guerre capitaliste contre l’éducation publique, et contre les travailleurs tout court. Elle mérite la solidarité active de tout partisan du droit démocratique à l’éducation et de la classe ouvrière mondiale. Et c’est maintenant qu’il faut manifester cet appui avec des actions concrètes.

Le mouvement étudiant au Québec se produit dans le contexte d’une vague de luttes de masse autour du monde. Ce qui ensuite sera baptisé le « Printemps érable » de 2012 fait référence au « Printemps arabe » de 2011. Le mouvement des Indignés au Portugal, en Espagne et en Grèce avait occupé les places des centre-villes en Europe. Au Québec, la grande mobilisation de départ, la journée du 10 novembre 2011, quand il y avait 200 000 étudiants en grève et 30 000 dans les rues de Montréal, se produisait peu après l’irruption du mouvement Occupons Wall Street en Etats-Unis, et quand la grève étudiante chilienne battait son plein. Mais alors que l’effervescence est globale, sauf la grève étudiante en Colombie, qui obligeait le gouvernement droitier à retirer sa « réforme de l’éducation » ouvrant la porte à la privatisation, force est d’admettre qu’aucune de ces luttes ne s’est couronnée par la victoire.

En Tunisie et Egypte, les dictateurs ont été renversé, mais les dictatures basées sur l’armée restent. Eu Europe, même que plusieurs gouvernements qui ont présidé les effets de la crise capitaliste internationale ont tombé (en Grèce, Espagne, Portugal, Italie et dernièrement en France), les nouveaux régimes imposent néanmoins des politiques d’austérité. Aux E.-U., les centaines de campements d’Occupy ont été presque tous expulsés par l’action policière. Au Québec, l’envergure de la mobilisation pour la grève étudiante a permis qu’elle perdure en face d’un gouvernement qui veut mettre en œuvre sa hausse des frais universitaires à tout prix. Mais maintenant il a décidé de l’imposer avec le poing blindé de la police et la « justice » bourgeoises. Suivant la formule de l’impérialisme américain au Viêt Nam, Charest est prêt à fermer l’université pour la sauver du virus de la contestation étudiante.

Il faut considérer alors les raisons de la survie de ces régimes et politiques réactionnaires en face d’une opposition populaire jamais vue. Ça ne s’explique pas seulement par la répression, ni par l’entêtement des dirigeants. Le gouvernement mafieux du PLQ au Québec persiste et signe parce que derrière lui il y a la puissance du capital impérialiste, dont il gère les affaires. Et les forces qui s’insurgent contre Charest et cie. sur une base strictement démocratique sont gravement affaiblis à cause de leur refus d’attaquer les bases économiques et sociales du pouvoir. Certes, le gel des frais de scolarité ou même leur abolition n’est qu’un droit démocratique à l’éducation. Mais dans cette époque de dégénérescence du capitalisme, quand tous les acquis du passé sont sous attaque, on ne peut les gagner et même les défendre que par une lutte révolutionnaire qui mène à l’installation d’un gouvernement ouvrier.

De la loi cadenas duplessiste à la loi matraque de Charest


Manifestation de plus de 200 000 personnes à Montréal, le 22 mars. En dépit  des marches d’appui aux
étudiants en grève, parmi les plus grandes de l’histoire du pays, le gouvernement prétend que les
grévistes ont « perdu la bataille de l’opinion publique ». Pourtant, les trois-quarts de la population se
déclarent insatisfaits avec la gestion de Charest. (Photo: Marco Campanozzi/La Presse)

A ce moment, après 14 semaines de résistence aux calomnies de la presse patronale, les menaces du gouvernement et la répression féroce de sa police, ayant subi plus de 1 600 arrestations, il y a toujours plus de 150 000 étudiants de 1 964 associations en grève. Dès le départ, le gouvernement du PLQ a refusé catégoriquement toute négociation ou même discussion sur la hausse des droits de scolarité. La seule « modification » qu’il avait admis était de les étaler sur sept ans au lieu de cinq, en ajoutant l’indexation pour inflation, ce qui augmenterait le total de 1 625 $ jusqu’à 1 778 $ par an, soit une hausse de 82%. Et quand les assemblées des étudiantes dans toutes les universités et collèges en grève rejettent carrément sa dernière « offre » empoisonnée, le premier ministre qui se veut empereur John James du Québec décrète le « durcissement » de la position gouvernementale.

La « carte de l’autorité » que certains ministres libéraux « faucons » voulaient que leur chef joue depuis longtemps, c’est le Projet de Loi n° 78. Déposé à l’Assemblée nationale à 20 h. au soir du jeudi, 17 mai, il fut voté moins de 24 heures après dans une procédure expresse digne de tout régime autoritaire.  Le ministre Raymond Bachand tonnait : « «Assez, c’est assez ! Il y a des groupes radicaux qui systématiquement veulent déstabiliser l’économie de Montréal. Ce sont des groupes anticapitalistes, marxistes » (La Presse, 16 mai).  « Le Chef » Charest s’empresse dimiter les mœurs de Maurice Duplessis, le dernier premier ministre québécois à remporter trois mandats consécutifs. Trafic d’influence tous azimuts, un parlement docile, répression féroce contre les syndicats, diabolisation des contestataires comme des « rouges » dangereux, et législation musclée pour étouffer toute opposition.

Hiver en août ? Duplessis décrétait sa loi cadenas (« Loi protégeant la province contre la propagande communiste »), son épigone émet sa « Loi permettant aux étudiants de recevoir l’enseignement dispensé par les établissements de niveau postsecondaire qu’ils fréquentent ». Avec cette loi, Charest reporte la session d’hiver des universités et collèges en grève pour commencer en août et se terminer en septembre … pour ne pas « réduire la qualité du diplôme » ! Il veut garantir « le droit à l’éducation » et la sérénité des conditions de enseignement. Et comment est-ce qu’il pense faire cela ? En mettant les campus sous les verrous pendant trois mois, et en envoyant les GI de la police pour arrêter encore plus massivement les étudiantes et étudiants qui ont violé la volonté de l’autocrate. Cependant, sa hausse des frais garantirait l’exclusion de milliers de jeunes de l’éducation supérieure.

À la grève étudiante, le chef libéral répond avec un lockout plus une loi matraque pour interdire des lignes de piquetage. Il veut ainsi rendre impossible des grèves futures. Il l’affirme lui-même, en se plaignant qu’« on s’est tapé au Québec des dizaines d’années de débat sur cette question ». Hélas, les étudiant-e-s ont encore leur mot à dire sur sa tentative d’hypothéquer leur avenir, en les condamnant à des années de servitude pour dettes aux banques. Et ils/elles le disent tout haut.

Dès le départ, le premier ministre qui a gouverné le Québec pendant presque une décennie a écarté toute discussion de son projet de hausser les frais de scolarité, au nom de la « compétitivité » des universités québécoises. Il qualifie péjorativement les dirigeants des fédérations étudiantes en grève comme des « enfants roi » qui refusent de payer « leur juste part ». Arborant une arrogance sans limite, il s’est gardé de s’asseoir avec eux, laissant le « sale boulot » à ses ministres féminines. Comme dit Jean Barbe dans le Monde (16 mai), « Il croyait rééditer son coup de 2005, date de la précédente grève étudiante, et semer la discorde entre les associations étudiantes pour réussir à écarter des négociations la plus revendicatrice d’entre elles, la Coalition large pour une solidarité syndicale étudiante (la CLASSE), et s’entendre avec les deux autres ». Mais cette fois le manœuvre cynique ne marchait pas.

Pourquoi pas ? Avec son diktat, Charest veut mettre fin au débat sur les frais universitaires. Donc, il assume une position qui n’admet aucun compromis, qui exclue toute négociation. Avec des scores dans les sondages d’insatisfaction avec sa gestion au-dessus de 75%, il veut une image de fermeté. Fait indicatif : à l’aube de l’annonce de sa loi spéciale le dirigeant du groupe plus « modéré », Léo Bureau-Blouin de la FECQ (Fédération étudiante collégiale du Québec), proposait une « nouveau scénario » qui comptait avec l’appui de la FEUQ (Fédération étudiante universitaire du Québec) et même des étudiants minoritaires favorables à la hausse. C’était une formule qui aurait signifié trahir le but de la grève, mais le gouvernement a refusé. La nouvelle ministre de l’éducation, Michelle Courchesne, déclare « qu’il n’y a pas davantage de place au compromis ». Bref, les libéraux veulent écraser la grève.

Non-entente non-cordiale. On avait vu la même chose à la suite des pourparlers que l’ancienne ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, et la nouvelle ministre Courchesne avaient menées avec les dirigeant-es étudiant-es le 4 et 5 mai. Dans une session marathon ils ont épuisé la résistance des négociateurs grévistes. Les dirigeants syndicaux, appelés pour prêter un « service au Québec » ont conseillé aux étudiants de faire des concessions. À ce moment, la Sûreté du Québec était en train de réprimer à feu et à sang des milliers de manifestants réunis en face d’un congrès du PLQ à Victoriaville. Les ministres convainquent les étudiants à faire une déclaration « contre la violence », ce qu’ils ont fait, et que les médias diffusent comme une dénonciation de la « violence » des manifestants qui essayaient de répondre à la pluie de gaz lacrymogène et des dizaines de balles de plastique lancés par les flics.

Ce qu’il fallait faire à ce moment était de dénoncer la fusillade de la police et déclarer qu’on ne pouvait plus discuter dans pareilles conditions d’intimidation. Or, les dirigeants étudiants sont restés. Finalement, après 22 heures cloisonnées avec leurs ennemis et faux amis (les bureaucrates syndicaux), ils et elles ont accepté un document remis par le gouvernement. Malheureusement, les étudiants n’avaient pas vérifié que les compromis qu’ils croyaient avoir atteints y était inclus. En plus, le gouvernement le présentait comme une « entente » alors que pour les étudiants c’était une offre gouvernementale. En tout cas, le texte signifiait la capitulation devant le régime. Il ne touchait en rien la hausse des frais de scolarité, il comptait sur des économies douteuses pour réduire les frais afférents, et mettait la table pour un « comité provisoire » avec une nette majorité nommée par le gouvernement et les hommes d’affaires.

C’était un désastre. Il y avait grande consternation parmi les dirigeant-es de la CLASSE quand ils ont connu le texte. Même les dirigeants de la FEUQ et la FECQ ne pouvaient pas le défendre. Mais que fait le gouvernement ? Il met de l’huile sur le feu. Beauchamp écrit aux députés que la hausse est maintenue et il n’y aura pas suffisamment d’économies pour réduire sensiblement les frais afférents. Gabriel Nadeau-Dubois de la CLASSE se plaint, « ils se sont littéralement vantés de nous en avoir passé une petite vite » (La Presse, 8 mai). Ensuite, des assemblées des associations étudiantes en tout la province votent avec des majorités accablantes contre l’« entente » bidonne. Ce qui attire l’attention, cependant, c’est que même cette capitulation devant les pressions du gouvernement ne le satisfaisait. Charest voulait surtout démoraliser les étudiants, pour qu’il n’y aurait plus de grève étudiante pendant beaucoup d’années.

Mais pourquoi est-ce qu’ils ont signé cette abomination, ou même accepté de la mettre à discussion ? Dans le cas de la FEUQ, elle avait déjà proposé, en novembre 2011, de former une telle commission pour chercher des économies dans le fonctionnement des universités. Alors, les marxistes révolutionnaires appelons pour un gouvernement tripartite des universités, par des conseils d’étudiants, professeurs et travailleurs. Mais la commission proposée par la FEUQ, avec des représentants de l’administration et du gouvernement, relevait de la collaboration de classe au lieu d’un organisme pour combattre l’emprise capitaliste sur l’éducation. Pour la CLASSE, pourtant, discuter de la commission proposée par le gouvernement était une compromission des buts pour lesquels elle disait lutter. Elle acceptait les limites imposées par le capital, ce qui les aurait fait complices de l’administration bourgeoise de l’université.

Une lutte contre l’assaut capitaliste internationale sur l’éducation publique


Des contingents d’étudiants du sécondaire marchent pour l’éducation à Santiago du Chili, le 30 juin
2011. La lutte contre la privatisation et marchandisation de l’éducation est internationale.
(Photo: EFE)

Il est bien évident que le gouvernement Charest bénéficient du soutien de presque toute la bourgeoisie québécois pour imposer la hausse des frais de scolarité sur les étudiants. Parmi les rares organismes à « se réjouir » de la loi matraque du gouvernement est la Fédération des chambres de commerce du Québec. Auparavant, une lettre ouverte d’appui à la position gouvernementale fut signé par le président de la Fédération, le chef de la chambre de commerce de Montréal, le président du Conseil du Patronat du Québec et, fait significatif, par Lucien Bouchard, ex premier ministre du Québec, du Parti Québécois (The Gazette, 4 mai). Même si les députés du PQ portent le carré rouge dans l’Assemblée nationale, et que Pauline Marois a dit qu’elle abrogerait la hausse, elle n’est pas pour le gel non plus, voulant indexer les frais sur l’inflation.

Mais l’empressement du gouvernement québécois d’appliquer cette « réforme » reflète des pressions non seulement du patronat québécois mais plutôt celles du capital international. Il faut se souvenir que dans les années 60, après que le gouvernement avait saisi le contrôle des écoles de l’Église catholique qui l’avait détenu jusqu’à 1959 et qui voyait dans la gratuité de l’instruction « le spectre de l’école neutre et laïque », la Commission Parent recommandait la création des cégeps (collèges d’enseignement général et professionnel) avec le but de démocratiser l’accès à l’éducation universitaire pour satisfaire « les exigences de l’économie moderne » et aussi parce que « tout personne a droit d’accéder aux divers univers de connaissances ». Le Canada à l’époque avait signé une convention des Nations Unis qui établit comme objectif d’approcher progressivement de la gratuité de l’enseignement supérieur. [1]

Ce qui se passe actuellement, c’est que les « exigences de l’économie moderne » capitaliste ont changés. Dans les années 60 et 70, les gouvernements occidentaux étaient confrontés avec des grandes luttes pour l’intégration scolaire et pour la démocratisation de l’éducation. Les exemples emblématiques étaient l’intégration raciale des écoles aux Etats-Unis et l’expansion de l’éducation universitaire en France suite à la révolte étudiante et ouvrière de mai-juin 1968. Il y avait aussi au Québec un désir, aussi dans les milieux capitalistes, de se procurer le contrôle des ressources naturelles (expansion d’Hydro-Québec) et de sortir d’une économie de pourvoyeur des matières primaires. Donc pour rendre l’économie québécoise plus compétitive envers ses concurrents, les patrons avaient besoin de main d’œuvre techniquement qualifiée.

Aujourd’hui, les nécessités du capital sont différentes. Avec la « modialisation » tellement vantée par les impérialistes et dénoncée par les « altermondialistes », il y a seulement une petite minorité des entreprises québécoise qui sont compétitives sur l’échelle internationale –Bombardier, Quebecor, Power Corporation – alors que beaucoup d’autres ont été vendues aux firmes « multinationales », comme c’est le cas de Alcan, maintenant Rio Tinto Alcan. Ce sont elles qui dominent les médias et la formation de l’« opinion publique ». Même s’il peut y avoir des disputes entre ces empires (La Presse et Le Soleil de la Power Corporation de la famille Desmarais ne sont toujours sur la même longueur d’onde que le Journal de Montréal et le Journal de Québec de Quebecor de la famille Péladeau), le gouvernement Charest est le serviteur de ces monopoles.  

Dans l’actualité, ces géants du capitalisme mondial ne sentent plus la nécessité d’avoir accès à un réservoir de main d’œuvre qualifiée. S’ils ont besoin de techniciens, ils peuvent les sous-traiter à d’autres entreprises dans d’autres pays, comme le font le RTA ou Bombardier. Ils peuvent construire des installations dans des pays avec coûts de main-d’oeuvre plus bas, ou plus proche des marchés impérialistes, comme le fait Quebecor aux E.-U. et en France. Confrontés par des luttes syndicales, ils peuvent avoir recours au lock-out et aux briseurs de grève désespérés, comme ils l’ont fait de plus en plus au Québec, en dépit des impuissantes lois anti-scab. Et maintenant ils ont ajusté leur tir pour attaquer l’éducation publique supérieure, jugée trop coûteuse.

La hausse des frais de scolarité au Québec fait partie de cette offensive internationale du capital impérialiste contre les dépenses pour le capital social général (social overhead capital) qui ne contribue aux profits et dont les capitalistes veulent réduire la montée. Face à une crise des taux de rentabilité décroissante, à l’origine de la crise financière de 2008, ils veulent faire de l’enseignement universitaire une source de nouveaux profits. Il n’y a aucune justification pour la hausse du point de vue du financement des universités. Le coût de l’élimination totale de ces frais, quelques centaines de millions de dollars, est dérisoire. La bourgeoisie la veut pour produire des superprofits aux banques grâce aux dettes étudiantes, et pour soumettre les étudiants à la discipline de la servitude à la dette. 

Donc, l’attaque du gouvernement Charest n’est pas un dérapage du PLQ mafieux et désespéré d’un thème pour gagner les prochaines élections. Il est parfaitement en accord avec les actions des gouvernements et banques aux Etats-Unis, ou le taux d’endettement des étudiants a augmenté de autour de 45% des diplômés en 1994 à 94% actuellement, où des centaines de milliers d’étudiants ont assumé des dettes supérieures à 50 000 $ (et maintenant n’arrivent pas à trouver un emploi).  Cette offensive a été coordonnée et théorisée pendant deux décennies par les organismes financiers internationaux tels que la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International et surtout l’Organisation de Coopération et Développement Économiques (OCDE).[2]

Par conséquent, pour résister à cette offensive du capital international, il est entièrement insuffisant de lutter sur la base d’un programme démocratique bourgeois. Pour la bourgeoisie il y a des intérêts de classe fondamentaux en jeu, et ils ne se  laisseront pas détourner par quelques milliers d’étudiants et enseignants qui ne produisent pas de profit et même qu’ils peuvent « perturber » l’économie, ils ne peuvent pas la stopper. Il est absolument nécessaire, alors, de mobiliser une contre-offensive prolétaire, une réplique ouvrière, à l’assaut non seulement de Charest mais plutôt du patronat et de la bourgeoisie toute entière. Les expressions de solidarité sont très gentilles, mais surtout que le gouvernement a lancé le défi, c’est l’heure de passer à l’action ouvrière pour paralyser l’économie et la politique.

Pour gagner la grève, il faut indispensablement l’étendre au mouvement ouvrier. Nous avons suggéré la formation d’un front commun des étudiants et enseignants avec les métallos de RTA Alma, les mécaniciens d’Aveos à Montréal, les travailleurs de la construction, comme premier pas vers une grève d’au moins les secteurs clés de l’économie québécoise en faveur des étudiants et tous les travailleurs visés par l’offensive du capital. Étant donné la réaction furieuse de larges secteurs des travailleurs et même des classes moyennes contre la loi matraque de Charest, que beaucoup de gens comparent avec les lois d’exception décrétées lors de la crise d’octobre 1970, ont doit même poser l’objectif d’une grève générale illimitée pour balayer ce gouvernement de corrompus qui constitue un danger au bien commun de toute la population travailleuse.

Nous assistons actuellement à un flot de luttes étudiantes (Porto Rico, Chili, Grande Bretagne, Québec) qui se mènent sur la base d’un programme démocratique et nationale, et qui se trouvent en face d’un front de fer du capital. Il y avait durant la semaine passée une manifestation de jusqu’à 100 000 étudiants chiliens et leurs partisans, il y aura probablement des milliers d’étudiants québécois et leurs défenseurs dans les rues de Montréal le 22 mai. Mais ils restent isolés, les uns des autres, et ils ne sont pas soutenus par l’action ouvrière.

Membres du syndicat mexicain des travailleurs de lélectricité qui formaient des gardes conjointes avec les étudiants pendant la grève de dix mois de l’UNAM en juillet 1999. La banderole dit : « Les électriciens appuyons les revendications des estudiants universitaires pour la gratuité de l'éducation ».
(Photo: SME)

Il serait instructif de considérer l’expérience de la grève de dix mois de l’Université Nationale du Mexique (UNAM) en 1999-2000 contre l’attaque du gouvernement qui, pour satisfaire un contrat avec la Banque Mondiale, essayait d’introduire des frais de scolarité. Les étudiants ont dû subir plus de mille arrestations, mais ils ont sorti gagnants. Comment est-ce qu’ils ont pu le faire ? Certes, ils ont occupé la Cité Universitaire avec des dizaines de milliers de grévistes. Ils ont combattu les attaques des briseurs de grève. Les étudiant-es québécois ont aussi fait preuve d’une grande combativité dans ce sens, ce qui a rendu furieux le gouvernement libéral. La grand différence est l’intervention de la force de la classe ouvrière.

Nous de la Ligue pour la Quatrième Internationale avions lutté dans la grève de l’UNAM pour la formation de gardes ouvrières-étudiantes pour défendre la grève face aux menaces d’invasion par l’armée. Au commencement, beaucoup d’étudiants nous avaient cru fous, rêveurs de temps passés plus héroïques. Mais à mesure que la menace d’une attaque militaire s’approchait, les comités de grèves ont approuvés notre proposition. Au moment décisif des centaines d’ouvriers électriciens sont arrivés au campus pour intégrer des gardes conjointes qui ont permis la survie de la grève. La bourgeoisie mexicaine savait bien qu’alors que les étudiants pouvaient causer beaucoup de « gâchis », les travailleurs du système de l’électricité pouvaient plonger la ville de Mexico dans l’obscurité. Et aujourd’hui encore, l’enseignement à l’UNAM est gratuit.

La démocratie des assemblées dans la grève étudiante au Québec est un grand acquis, qui a permis de la maintenir pendant presque 100 jours. L’appui populaire est énorme. La détermination des étudiant-es en face de la répression sans pitié et la diabolisation de la presse bourgeoise a même surpris les propres dirigeant-es de la grève. Pour poursuivre une lutte victorieuse, une lutte de classe qui dépassent les limites de la fausse démocratie bourgeoise qui se révèle maintenant comme un État policier, il faut forger une direction basée sur un programme révolutionnaire.  Cette direction, le noyau d’un parti ouvrier révolutionnaire, n’apparaîtra pas d’un jour à l’autre. Elle se construira par l’intervention dans la lutte, proposant des mesures qui mobilisent les forces nécessaires de gagner et qui accroissent la conscience de classe.

La Ligue pour la Quatrième Internationale lutte pour l’indépendance du Québec dans le cadre d’une fédération des États ouvriers de l’Amérique du Nord. Nous luttons sur la base d’un programme internationaliste, contre le chauvinisme de la bourgeoisie anglophone et aussi contre le nationalisme bourgeois du PQ et ses rejetons et le nationalisme et réformisme petit-bourgeois d’une grande partie de la gauche. Nous offrons nos observations sur le trajet et le programme pour la réussite de ce mouvement historique dans un esprit de solidarité combative, comme des participants dans une lutte commune.

Mobilisons la force de la classe ouvrière pour gagner la grève étudiante ! Envoyons promener cet apprenti empereur Charest, celui qui gouverne par la matraque, le gaz et les balles ! Battons ses bailleurs de fonds et les forces du grand capital, de Bay Street à Wall Street, qui se rangent derrière lui ! La force de la classe ouvrière mobilisée avec une direction révolutionnaire peut vaincre sur ces reliques qui représentent la mainmorte du passé qui veut détruire notre futur.


[1] Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, adopté par lAssemblée générale de l'ONU en décembre 1966, proclamait notamment : « L’enseignement supérieur doit être rendu accessible à tous en pleine égalité, en fonction des capacités de chacun, par tous les moyens appropriés et notamment par l’instauration progressive de la gratuité » (Article 13[c]).  

[2] Pour des références plus précise de l’influence de l’OCDE, on peut consulter les documents de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), notamment « L’endettement étudiant : un ‘investissement’ rentable ? » (mars 2012), « Faut-il vraiment augmenter les frais de scolarité ? » (mai 2011) et « Financement des universités : Vers une américanisation du modèle québécois ? » (octobre 2008).


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