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octobre 2002 
Les Etats-Unis préparent
un nouveau Carnage du désert

Pour la défaite des impérialistes – 
Défense de l'Irak !


Le 26 février 1991, sur la route de Koweit à Bassorah, l'aviation impérialiste à 
massacré des milliers de soldats et de civils irakiens. (Photo: E. Adams/Corbis Sygma)

La stratégie de « première frappe » du Pentagone: 
course folle à une troisième guerre mondiale

L'article ci-dessous est la traduction d'une version abrégée de la déclaration faite le 17 octobre 2002 par l'Internationalist Group, section US de la Ligue pour la Quatrième Internationale.

Les criminels de guerre impérialistes sont prêts à déclencher l'apocalypse sur les bords du Tigre et de l'Euphrate. 

Aux premières heures du 11 octobre, le Sénat US a suivi la Chambre des représentants en votant les pouvoirs de guerre au président George W. Bush pour qu'il puisse lancer tout le poids de la machine de guerre impérialiste contre l'Irak « comme il le juge nécessaire et approprié ». Le Pentagone a maintenant le feu vert « bipartisan » [les Partis républicain et démocrate] pour exécuter sans entraves le massacre que la Maison Blanche a depuis longtemps ordonné. Après le débat rituel et l'approbation de routine du Congrès, une farce similaire se déroulera aux Nations unies. Il y aura quelques débats entre les « grandes puissances » dans ce nid de brigands – comme Lénine a appelé le prédécesseur de l'ONU, la Société des nations – sur la question de savoir s'il faut exiger une «inspection » provocatrice de l'Irak et, si oui, laquelle, ou si une attaque doit être déclenchée par une résolution en une ou deux parties. Très probablement, il sera soumis à Saddam Hussein un ultimatum qu'il ne peut pas accepter (comme l'ONU l'a fait auparavant avec Milosevic, en Yougoslavie), exigeant que les forces de l'« ONU » puissent librement faire mouvement à l'intérieur de l'Irak – une invasion sans guerre. Alors, l'invasion US « préventive » sera bientôt lancée, le bombardement terroriste de Bagdad commencera et le sang irakien coulera à flot sur le sable. 

La Ligue pour la Quatrième Internationale (LQI) et l'Internationalist Group (section US de la LQI) appellent la classe ouvrière internationale à défendre l'Irak et à lutter pour la défaite de la guerre impérialiste, aussi bien sur le « front intérieur » qu'à l'extérieur. La « superpuissance » US a décidé de faire étalage de sa puissance militaire en commettant un massacre à grande échelle, dans l'espoir de mettre directement la main sur la deuxième réserve pétrolière du globe et d'intimider tout le monde (y compris ses propres « alliés »). La guerre contre l'Irak est aussi une guerre contre les ouvriers, les minorités noires et latino-américaines, les immigrés et tous ceux qui, aux Etats-Unis, produisent les richesses pendant que les spéculateurs boursiers et les criminels des sociétés drainent des milliards et que l'économie est en chute libre. C'est une guerre pour embrigader la population afin de mener plus de guerres encore. C'est un carnage capitaliste, le produit d'un système de boom-dépression qui engendre sans cesse guerres, racisme et pauvreté. Aujourd'hui, les dirigeants des USA rabâchent sans cesse leurs incantations sur le « 11 septembre » dans l'espoir d'abrutir la population et d'attiser la soif de sang. Les médias, « libres mais responsables », marchent à la guerre en rangs serrés. Mais, même s'ils censurent les reportages en provenance de Bagdad, quand le show télévisé sur les missiles de croisière fera place à des images de cadavres de soldats enfermés dans des sacs, l'opposition à la guerre grandira. Beaucoup comprendront que la « gloire » d'un empire qui suce le sang des peuples du monde, pendant qu'il garde la mainmise totale sur le robinet du pétrole, signifie la misère pour les masses irakiennes et des attaques d'envergure contre la classe ouvrière aux Etats-Unis. 

Il est urgent de mobiliser l'opposition à ce massacre imminent. Mais sur quel programme? Il y a déjà eu 400 000 manifestants à Londres et un million et demi ont défilé partout en Italie en opposition à la guerre contre l'Irak. Le 26 octobre, une manifestation a été appelée à Washington pour « arrêter la guerre avant qu'elle commence » (comme si la guerre s'était jamais arrêtée). Dans les semaines à venir, des dizaines et des centaines de milliers de gens rejoindront les manifestations anti-guerre où ils entendront des prêches d'ecclésiastiques, des discours malhonnêtes de politiciens bourgeois « colombes » qui se différencieront poliment de leurs collègues «fauconsnbsp;», la rhétorique creuse de bureaucrates syndicaux qui ne feront rien qui puisse mettre en danger le système capitaliste qu'ils soutiennent. Il y aura à la tribune un chapelet de soi-disant socialistes – se présentant souvent sous couvert d'une « Coalition », «Campagne » ou autre « Mobilisation » – pour lâcher quelques miettes à la soi-disant extrême gauche et pour contenir une jeunesse impatiente. Ce qu'ils ne diront pas, c'est que ce bain de sang ne sera pas stoppé par des parades pacifistes et des appels à la « conscience ». Les appels à une politique étrangère plus « humaine » ou une approche multilatérale sont des foutaises: les bellicistes de Washington ne seront pas influencés par des appels ou des sondages ; ils doivent être défaits. Contre le pacifisme bourgeois, nous, communistes, appelons à la guerre de classe contre la guerre impérialiste

Les projets US de frappe nucléaire contre les « bunkers » irakiens 

L'invasion de ce pays semi-colonial appauvri est une agression impérialiste aussi ouverte que l'attaque mussolinienne contre l'Ethiopie en 1935. La frénésie meurtrière d'un dictateur de troisième zone comme Saddam Hussein est peu de chose en comparaison des véritables dévastations sur le point d'être commises par le vrai « boucher de Bagdad » – qui se trouve à la Maison Blanche. Washington se prépare à exécuter ce carnage non pas à cause d'une mythique « menace  »irakienne, mais parce que l'impérialisme US a besoin de cette guerre pour imposer son hégémonie mondiale. En 1999, le démocrate Clinton a fait bombarder des hôpitaux en Yougoslavie au nom des « droits de l'homme  »au Kosovo. L'année dernière, le républicain Bush a conquis l'Afghanistan en prétextant l'attentat aveugle du 11 septembre contre le World Trade Center. Aujourd'hui, Bush II prépare un nouveau « Carnage du désert »contre l'Irak, pour « terminer le travail » que Bush I a laissé inachevé lors de la première guerre du Golfe. Et demain ? La « guerre antiterroriste » sans fin proclamée par les USA est le prélude à une troisième guerre mondiale impérialiste – dans laquelle les cibles ultérieures seront leurs alliés et rivaux japonais et européens, qui sont naturellement moins qu'enthousiastes sur une attaque imminente contre l'Irak. 

Les opposants à l'impérialisme doivent rejeter les exigences formulées en faveur d'une « inspection » et s'opposer à toute « sanction » de l'ONU contre l'Irak, qui ne sont rien d'autre qu'une punition infligée au régime de Saddam Hussein et au peuple irakien pour avoir perdu la guerre du Golfe de 1990-91. L'impérialisme US a d'énormes quantités d'armes nucléaires (qu'il a utilisées contre le Japon) ainsi que des armes chimiques et biologiques (qu'il a utilisées lors du bombardement massif du Vietnam) – sans parler des obus radioactifs à l'« uranium appauvri » dont il a inondé l'Irak, la Yougoslavie et l'Afghanistan. Tout comme son allié israélien. A vrai dire, si l'Irak avait effectivement des armes nucléaires, ce qui est dans son droit, cela aidera à dissuader une invasion. Bush accuse Hussein d'avoir « utilisé des armes chimiques contre son propre peuple ». Ce que la propagande belliciste US omet d'ajouter, c'est que, quand l'Irak utilisa le gaz à moutarde, le VX et autres armes chimiques pendant la guerre irako-iranienne entre 1980 et 1988, les Etats-Unis en avaient pleinement connaissance ; ils ont approvisionné l'Irak en armes, lui ont fourni des photos-satellites des positions iraniennes et ont envoyé des observateurs sur le champ de bataille. Quand une dépêche du New York Times du 18 août – vite oubliée – révéla l'existence de ce programme clandestin, le Times négligea de mentionner que les Etats-Unis avaient aussi procuré à l'Irak des produits chimiques de base pour l'aider à démarrer rapidement son programme d'armes chimiques

Le cynisme des dirigeants US est sans bornes. Bien que la Maison Blanche proclame sans cesse qu'elle « fait avancer la démocratie » après avoir imposé un protectorat impérialiste en l'Afghanistan (dont le « président » fantoche Karzai est protégé par des mercenaires US sous contrat), elle se prépare à imposer pour des années en Irak un gouvernement d'occupation militaire américaine. Le général Tommy Franks « assumera le rôle que le général McArthur a joué au Japon après sa reddition en 1945 » selon le New York Times du 11 octobre – c'est-à-dire qu'il sera un dictateur ayant la haute main sur le sort des Irakiens. Dans la langue orwellienne propre à Bush, cela s'appelle « changement de régime » – pour le moins un euphémisme. Entre-temps, on parle beaucoup des « armes de destruction massive », hypothétiques, de Hussein mais, en fait, c'est le Pentagone qui se prépare à utiliser des armes nucléaires « tactiques » en Irak. L'U.S. News & World Report (22 juillet) révèle: 

« Les grands prêtres du nucléaire au Pentagone croient qu'une bombe capable de pénétrer sous terre pourrait être utilisée pour détruire des bunkers souterrains […]. Ce changement dramatique de politique nucléaire est la toute dernière preuve d'une nouvelle stratégie militaire de l'administration Bush, qui envisage des premières frappes préventives – et même la possibilité lointaine d'utiliser des armes nucléaires contre les Etats voyous tels que l'Irak. »
Tout comme les nazis ont utilisé la Guerre civile espagnole pour tester leurs Messerschmitts et Junkers en bombardant en rase-mottes des colonnes républicaines et en effaçant de la carte Guernica, les impérialistes américains veulent tester leurs armes nucléaires dans le désert… et sur les villes irakiennes. N'oublions pas les 400 femmes et enfants, au moins, tués dans la frappe « chirurgicale » contre l'abri aérien Al Amiriya, bombardé par un « bunker buster » américain GBU-27 en 1991. 

L'agression contre l'Irak : déclencheur d'une nouvelle guerre mondiale

L'Internationalist Group et la Ligue pour la Quatrième Internationale (IG-LQI) ont averti l'année dernière, en appelant à la défaite de l'agression US contre l'Afghanistan, que la « guerre contre la terreur » de Bush constitue le prélude à une nouvelle guerre inter-impérialiste : 

« Les guerres balkaniques de 1908-13 ont nourri et déclenché la Première Guerre mondiale. La Guerre civile espagnole, l'invasion japonaise de la Chine et la guerre de l'impérialisme italien contre l'Ethiopie (l'Abyssinie) ont préparé la Deuxième Guerre mondiale. Avec les guerres menées par les USA pendant la dernière décennie contre l'Irak, la Yougoslavie et maintenant l'Afghanistan, se dessine une troisième conflagration impérialiste mondiale, qui prendra sa source dans la concurrence accrue à laquelle se livrent les grandes puissances impérialistes. »
- L'Internationaliste n° 2, décembre 2001
La deuxième guerre contre l'Irak accélère dangereusement l'engrenage qui conduit à une guerre mondiale, surtout au travers de la doctrine Bush de « frappes préventives ». Combiné aux tensions économiques croissantes entre les impérialistes, cela pourra enclencher une spirale de conflits entre les « grandes puissances », les alliés d'antan de la campagne de guerre antisoviétique devenant de plus en plus des ennemis. 

Les buts de guerre des impérialistes US vont bien au-delà de la mainmise sur le « berceau de la civilisation » en Mésopotamie et sur ses richesses pétrolières. L'année dernière, le vice-président américain Cheney déclara que la « guerre contre la terreur » tous azimuts se prolongera la vie entière de la plupart des adultes. Aujourd'hui, l'administration Bush dévoile une nouvelle doctrine militaire qui exige des « frappes préventives » contre ceux qui sont vus comme les ennemis de l'impérialisme U.S. « L'Amérique agira contre de telles menaces dès qu'elles surgiront, avant même qu'elles soient pleinement développées », affirme le document « National Security Strategy » [Stratégie de sécurité nationale] présenté par Bush en septembre. Proclamant un « seul modèle viable pour le succès national: la liberté, la démocratie et la libre entreprise », ladite stratégie parle de « la renaissance possible de vieux modèles de concurrence entre les grandes puissances » et d'« agression de la part des autres grandes puissances ». Elle déclare que « le président n'a pas l'intention de laisser quelque puissance étrangère que ce soit rattraper l'énorme avance que les Etats-Unis ont acquis depuis la chute de l'Union s oviétique il y a plus de dix ans » (cité dans le New York Times, 21 septembre). Ecrit sur l'insistance de Bush dans un style macho qui puisse être compris par « les gars de Lubbock « (Texas), ce document déclare: « Nos forces seront assez fortes pour dissuader les adversaires potentiels de poursuivre des préparatifs militaires dans l'espoir de surpasser ou d'égaler la puissance des Etats-Unis. » 

Cela ne fait certainement pas référence à Oussama ben Laden, à Saddam Hussein, aux talibans afghans, au conglomérat de « guerriers saints » auquel Washington a donné le nom « Al Qaïda » ou à un quelconque des pays actuellement sur la liste de l'« axe du mal » de Bush. C'est en fait dirigé contre l'Etat ouvrier bureaucratiquement déformé chinois, la Russie capitaliste issue de l'effondrement de l'URSS et les impérialistes européens de l'OTAN qui se rebiffent contre le comportement arrogant de Washington. Dans un appel à peine voilé à la contre-révolution, le document National Security Strategy déclare que « les dirigeants de la Chine n'ont pas encore fait la prochaine série de choix fondamentaux sur le caractère de leur Etat » et met en garde Beijing contre la poursuite de « capacités militaires avancées qui pourraient menacer ses voisins dans la région asiato-pacifique ». Nous avons averti à plusieurs reprises que les impérialistes US sont déterminés à détruire les Etats ouvriers déformés qui subsistent (Chine, Cuba, Corée du Nord et Vietnam) sur la voie qui mène à une troisième guerre mondiale impérialiste. Finalement, Washington craint la puissance économique de l'Europe occidentale unie à une Russie renaissante, avec ses capacités militaires et nucléaires et avec ses ressources formidables en gaz et pétrole. 

Ce n'est pas une obsession nouvelle. Pendant des décennies, lors de la Guerre froide antisoviétique, les USA ont pu garder le contrôle sur les autres puissances impérialistes en soulignant le besoin d'un front commun contre la « menace du communisme ». L'Etat ouvrier soviétique était né de la révolution d'Octobre dirigée par Lénine et Trotsky et était une conquête du prolétariat mondial que les trotskystes ont fermement défendue, même après sa dégénérescence bureaucratique sous Staline et ses héritiers, avec leur dogme conservateur et nationaliste du « socialisme dans un seul pays ». L'existence même de l'URSS a rendu difficile à Washington de simplement balayer les divers régimes nationalistes du « tiers monde » alliés à l'Union soviétique. Ce n'est plus le cas. Quand les régimes du bloc soviétique s'effondrèrent (une destruction qui fut préparée par la politique traître de « coexistence pacifique » poursuivie par les bureaucraties staliniennes), George Bush père proclama la « mort du communisme » et la naissance d'un nouvel ordre mondial pendant la première guerre du Golfe. Mais bien que les Etats-Unis aient émergé comme la seule « superpuissance », le nouvel ordre dominé par les USA n'est pas consolidé pour autant. Au contraire, le monde post-soviétique est dominé par un déchaînement du désordre – avec des conflits nationalistes sanglants qui font rage et des guerres impérialistes qui se multiplient. 

Cette orientation stratégique de l'impérialisme américain est derrière la suprême indifférence que manifeste Washington à l'égard du soutien de l'ONU ou d'une quelconque « coalition » internationale pour sa guerre contre Irak. La bande à Bush entend démontrer à tout le monde qu'elle peut la faire toute seule – et que le reste du monde aille au diable ! Les Etats-Unis n'ont pas besoin du pétrole du Golfe arabo-persique, qui fournit à peine 12 % de leur consommation; l'Europe et le Japon en ont besoin, et les dirigeants US entendent démontrer qu'ils pourront à volonté couper l'approvisionnement en énergie provenant du Proche-Orient. En même temps, l'administration Bush exalte les vertus du « libre échange » tout en collant des taxes protectionnistes sur les importations d'acier et, maintenant, en accordant d'énormes subventions aux trusts agricoles. Cela a provoqué la consternation de ses alliés de l'OTAN. Le président français Jacques Chirac s'entête à rejeter l'exigence de Washington à obtenir du Conseil de sécurité de l'ONU une résolution immédiate autorisant la guerre contre l'Irak. Le chancelier allemand Gerhard Schröder vient de se faire réélire en proclamant bruyamment qu'il ne participera pas à une telle invasion, même autorisée par les Nations unies. C'est une simple rodomontade, car ils finiront par se rallier à l'action exigée par les USA. Mais les impérialistes européens ne sont pas seulement inquiets d'être exclus du filon pétrolier irakien suite à une invasion. Ils comprennent que la doctrine Bush est dirigée contre eux. 

Aux Etats-Unis, en Europe occidentale et dans les autres pays impérialistes, la « guerre contre le terrorisme » a été accompagnée d'une escalade dramatique des mesures répressives d'Etat policier, comme nous en avions mis en garde immédiatement après l'attentat du 11 septembre, l'année dernière (lire la déclaration de l'IG « Les Etats-Unis attisent l'hystérie de guerre impérialiste, poussent à un Etat policier » [14 septembre 2001] dans L'Internationaliste n°2 décembre 2001). Le régime Bush entend utiliser la guerre comme bélier pour attaquer les droits syndicaux, pour mettre en place des tribunaux militaires pour les « étrangers » et même pour les citoyens américains qu'il étiquette comme ennemis, pour ordonner des emprisonnements sans inculpation, pour expulser des centaines de millions de personnes, pour appliquer aux immigrés d'abjects « profils raciaux », pour installer un espionnage électronique à une échelle de masse, pour introduire partout des mesures de « sécurité » et pour établir un « commandement militaire unifié » qui aura l'autorité de déployer dans le pays les forces armées contre la population. Le gouvernement – avec la pleine participation du Parti démocrate, qui a été le premier à demander un département de « sécurité de la patrie » – jette consciemment les bases pour gouverner sous état de siège. Afin de repousser le courant qui entraîne vers un Etat policier et une guerre impérialiste sans fin, il faut rompre avec les partis jumeaux capitalistes de guerre et de racisme – démocrate et républicain – ainsi qu'avec les partis bourgeois de moindre importance, comme les Verts, et bâtir un parti ouvrier révolutionnaire dans la lutte pour reforger la Quatrième Internationale. 

Guerre de classe contre guerre impérialiste – Pour la révolution socialiste internationale !

L'approche marxiste de la lutte contre la guerre impérialiste a été développée pendant la Première Guerre mondiale par V.I. Lénine et les bolcheviks russes, face à la capitulation ignominieuse de la Deuxième Internationale « socialiste », dont les principaux partis se sont alignés derrière leurs classes capitalistes respectives dans le massacre impérialiste. Lénine souligna dans son combat, à la fois contre les réformistes ouverts et les centristes irrésolus, qu'il fallait que les socialistes révolutionnaires prennent position en faveur de la défaite de leur propre bourgeoisie dans la guerre inter-impérialiste et se placent aux côtés des peuples coloniaux et semi-coloniaux dans leurs guerres pour l'indépendance à l'égard des puissances coloniales. Dans son essai « Le socialisme et la guerre » (septembre 1915), qui a été réédité en brochure par l'Internationalist Group, Lénine écrit: 

« Les partisans de la victoire de leur gouvernement dans la guerre actuelle, de même que les partisans du mot d'ordre : 'Ni victoire ni défaite', adoptent les uns et les autres le point de vue du social-chauvinisme. Dans une guerre réactionnaire, la classe révolutionnaire ne peut pas ne pas souhaiter la défaite de son gouvernement ; elle ne peut manquer de voir le lien entre les échecs militaires de ce dernier et les facilités qui en résultent pour le renverser. »
Lénine notait que « l'état d'esprit des masses en faveur de la paix exprime souvent le début d'une protestation, d'une révolte et d'une prise de conscience du caractère réactionnaire de la guerre ». Mais il dit que, si les socialistes interviennent dans de telles manifestations et protestations pour intersecter de tels sentiments, cependant « ils ne tromperont pas le peuple en laissant croire qu'en l'absence d'un mouvement révolutionnaire, il est possible de parvenir à une paix sans annexions, sans oppression des nations, sans pillage, sans que subsiste le germe de nouvelles guerres entre les gouvernements actuels et les classes actuellement dirigeantes ». Appelant à « transformer la guerre impérialiste en guerre civile », Lénine soulignait qu'il faudra une révolution socialiste internationale pour réaliser une paix véritable. C'est le programme avec lequel les bolcheviks, sous la direction de Lénine et Trotsky, ont réalisé la révolution d'Octobre. 

Partout dans le monde, la politique des organisateurs des divers « mouvements pour la paix » est en opposition absolue à ce programme révolutionnaire. Se plaçant sur le terrain politique de la démocratie bourgeoise, ils en appellent tous, explicitement ou non, aux forces capitalistes ou procapitalistes pour arrêter la guerre. 

L'idée que les Nations unies puissent museler les chiens enragés US, c'est exactement le genre de tromperie du peuple contre lequel Lénine a averti. Cela rejoint l'appel des politiciens du Parti démocrate qui veulent encore plus d'« inspections » de l'ONU, qui opposent à la guerre de Bush contre Saddam Hussein la « guerre contre la terreur ». Mais il n'y a pas d'opposition – les attaques contre l'Afghanistan et l'Irak font partie de la même guerre, et la tâche des inspecteurs de l'ONU sera de la déclencher. Les sanctions de l'ONU ont préparé la première guerre du Golfe et, depuis, ont continué d'appauvrir et d'assassiner le peuple irakien. De la Guerre de Corée à la guerre contre la Yougoslavie, les Nations unies ont servi de couverture à l'agression de l'impérialisme US. Aujourd'hui, quel que ce soit son issue, un nouveau « débat » à l'ONU, amènera encore une fois la mort et la destruction sans nombre au Proche-Orient, non seulement en Irak mais aussi en Palestine. Les dirigeants israéliens, sous la houlette du boucher Ariel Sharon, sont impatients de mettre à exécution la déportation massive de la population arabe de ses terres, en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza (ce que les sionistes appellent par euphémisme « transfert »), dès que la première bombe US tombera sur Bagdad. Les révolutionnaires exigent : Halte à toute inspection et sanction contre l'Irak et : Retrait immédiat de toutes les forces US et onusiennes du Proche-Orient !

S'il est grotesque de demander à l'ONU de rappeler les USA à l'ordre, c'est non moins absurde d'appeler les impérialistes européens à freiner les « cow-boys » américains, comme le font de nombreux libéraux et réformistes sur le Vieux Continent. Ignacio Ramonet, dirigeant d'ATTAC, l'organisation française bourgeoise qui chapeaute l'« anti-mondialisation », écrivait récemment dans Le Monde diplomatique (octobre 2002): 

« Un empire n'a pas d'alliés, il n'a que des vassaux. La plupart des Etats de l'Union européenne semblent avoir oublié cette réalité historique. Sous nos yeux, et sous les pressions de Washington, qui les contraint à s'enrôler dans sa guerre contre l'Irak, des pays en principe souverains se laissent ainsi réduire à la triste condition de satellites. »
Ramonet continue en appelant explicitement l'OTAN à stopper « cette première guerre de la nouvelle ère impériale ». Il appelle l'« Europe » à paralyser « l'instrument militaire, l'OTAN, dont compte se servir Washington pour son expansion impériale et dont l'utilisation est soumise au vote des Etats européens ». Mais ces frères impérialistes ont déjà trempé leurs mains dans le sang des guerres contre la Yougoslavie et l'Afghanistan – des guerres que Ramonet omet de mentionner parce qu'elles étaient en grande partie soutenues, d'une façon ou d'une autre, par les « anti-mondialisation » – et ils ne sont pas sur le point de devenir une force pour la « paix ». En se joignant à de telles forces et à de tels appels, les divers pseudo-trotskystes européens, comme la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) française, s'alignent sur leur propre bourgeoisie, comme les sociaux-démocrates l'ont fait pendant la Première Guerre mondiale. 

Les trotskystes authentiques appellent à la défaite des impérialistes non seulement sur le champ de bataille, où les forces irakiennes sont confrontées à l'écrasante puissance de feu US, mais aussi à travers la mobilisation de la puissance de la classe ouvrière dans le monde entier, indépendamment de toutes les forces bourgeoises, contre la guerre. L'occupation américaine de l'Irak pourrait déclencher une agitation menaçant les « anciens régimes » usés, qui tiennent par un fil au pouvoir, dans beaucoup de pays à prédominance musulmane. Les réactionnaires islamistes chercheront à en profiter, mais ils n'ont pas le monopole de l'opposition à ces régimes complètement pourris. Là où la guerre provoquera une large agitation sociale, les forces prolétariennes internationalistes doivent chercher à intervenir avec un programme pour axer la lutte sur des lignes de classe. En Algérie, la révolte de la jeunesse et de la population, qui a balayé les régions berbères l'année dernière, est retombée mais reste latente – en témoigne le boycott massif des élections bidons du régime en Kabylie. Au Pakistan, l'opposition syndicale à la dictature militaire du général Musharraf (un allié des USA) se heurte fréquemment aux jihadis (« guerriers saints ») islamiques. En Turquie, il y a d'importants syndicats de gauche et de nombreux groupes se réclamant du socialisme. En Indonésie, où d'obscures cliques militaires alliées aux intégristes islamiques tentent de déstabiliser le gouvernement chancelant de Megawati en multipliant des provocations terroristes, le mouvement ouvrier, qui a aidé au renversement de la dictature de Suharto, s'agite dans l'opposition. La question n'est pas de savoir si une opposition de masse à la guerre impérialiste est possible, mais sur quel programme de classe elle sera construite. 

Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et dans tous les pays impliqués dans la guerre, les trotskystes appellent à des actions ouvrières contre la campagne belliciste. Cela comprend le blocage du transport du matériel de guerre avec des piquets de grève syndicaux, exigeant le retrait des troupes d'Afghanistan et d'Irak, et le déclenchement de grèves ouvrières contre la guerre impérialiste. Les communistes doivent protester énergiquement contre la présence des politiciens et porte-parole bourgeois dans les rassemblements « antiguerre », en insistant que parmi les politiciens capitalistes les « colombes » aussi bien que les « faucons » sont tous des bellicistes, des briseurs de grève et des ennemis des exploités et opprimés. Aux Etats-Unis, l'utilisation de la loi esclavagiste Taft-Hartley contre les dockers de la Côte Ouest appartenant au syndicat ILWU, qui ont été victimes d'un lock-out décrété par le patronat du port, a fait directement le lien entre la lutte de classe et la lutte contre la guerre impérialiste. Dans une série de tracts distribués aux piquets de grève, l'Internationalist Group a appelé à fermer complètement les ports avec des grèves et à bloquer tout transport de matériel militaire. 

La Spartacist League/US (SL) a représenté pendant de nombreuses années la politique révolutionnaire trotskyste, et elle prétend encore le faire. Cependant, en plein milieu de l'hystérie « antiterroriste » attisée par le gouvernement l'automne dernier, elle a hésité pendant des semaines avant d'appeler à la défense de l'Afghanistan, et elle refuse toujours obstinément d'appeler à la défaite de l'impérialisme US dans la guerre, traitant l'IG et la Ligue pour la Quatrième Internationale de « phraseurs révolutionnaires » qui donneraient dans l'« antiaméricanisme » parce que nous insistons sur cette politique léniniste. (En même temps, la SL a salué Barbara Lee, la colombe démocrate par excellence, pour être entrée en dissidence lors du vote des pouvoirs de guerre à Bush – tout en gardant le silence pendant des semaines sur le fait qu'elle avait voté le budget de guerre de 40 milliards de dollars.) La SL prétend avoir rempli son devoir internationaliste en appelant à la « lutte de classe dans son propre pays » en temps de guerre. Le lock-out contre l'ILWU a présenté une occasion en or de montrer ce que cela veut dire, mais la SL était à peine présente sur les piquets de grève et sa propagande évitait soigneusement chaque question dans laquelle la lutte des dockers touchait à la guerre ! 

La lutte contre une nouvelle guerre contre l'Irak et contre le « nouvel ordre mondial » dominé par les USA doit être une lutte contre le système impérialiste, qui ne peut être balayé que par la révolution socialiste internationale. Cela signifie combattre toute forme de nationalisme bourgeois et de réaction religieuse, et pour l'internationalisme prolétarien. Au Proche-Orient, les trotskystes défendent la population palestinienne assiégée face à l'occupation sioniste – dans la lutte pour un Etat ouvrier arabe-hébraïque, s'opposant à tout Etat basé sur la religion (aussi bien « l'Etat judaïque » d'Israël qu'une « république islamique ») et en reconnaissant les droits nationaux des deux peuples qui s'entassent dans ce tout petit pays. 

En Irak aussi, nous luttons pour une révolution ouvrière afin de chasser le dictateur sanglant Saddam Hussein, qui a été installé avec l'aide américaine, auquel la CIA a fourni la liste des communistes à assassiner et que le Pentagone a armé pour combattre l'Iran de Khomeiny. Cette révolution rassemblera les ouvriers et paysans de la majorité chiite musulmane et de la minorité sunnite musulmane, ainsi que les Kurdes, les Turkmènes et d'autres minorités nationales. Reconnaissant que les frontières nationales actuelles furent établies lors du dépeçage impérialiste de l'empire ottoman après la Première Guerre mondiale, les communistes appellent à une république socialiste unifiée du Kurdistan. 

Une révolution ouvrière victorieuse n'importe où dans la région sonnera le glas des monarchies chancelantes telles que l'Arabie saoudite et le Maroc, des régimes nationalistes dominés par les militaires (Irak, Syrie, Turquie, Egypte, Libye, Algérie) et des émirats pétroliers protégés par les impérialistes (Koweït, Bahreïn, Qatar, Oman, etc.), tout en offrant une perspective de libération pour les travailleurs iraniens, qui ont subi le joug de la dictature du Chah puis de celle des mollahs. Comme pour Israël/Palestine et d'autres pays (tels que le Liban) qui font face à des divisions nationales et communautaires aujourd'hui insolubles, les conflits qui ont éclaté à propos de droits démocratiques concurrents et de ressources rares comme le pétrole et l'eau ne peuvent être résolus que dans le cadre d'une fédération socialiste du Proche-Orient, qui rendra possible l'émancipation sociale à tous les niveaux, surtout pour les femmes. Alors que les impérialistes attisent les conflits nationaux avec leur rhétorique d'un « choc des civilisations », seul le programme communiste peut surmonter l'héritage colonial du « diviser pour régner » et rassembler tous les peuples, nations et fragments de peuple qui sont dispersés dans la région précisément parce qu'elle a toujours été un carrefour de civilisations. 

Pour la défaite des impérialistes – Défense de l'Irak ! Pour la révolution socialiste internationale ! 


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