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novembre 2005 De l’Irak au Brésil :
La libération des femmes est possible
L’article ci-dessous est traduit d’un
bulletin de la Liga
Quarta-Internacionalista do Brasil, section de la Ligue pour la
Quatrième
Internationale. Il est basé sur des meetings tenus par la LQB
aux sièges du
syndicat des professeurs d’Etat de Rio de Janeiro (SEPE-RJ) à
Rio (18 février)
et à Volta Redonda (23 février). En
ce 8 mars, Journée internationale des femmes, les droits des
femmes sont
attaqués à l’échelle mondiale. En Irak, les
autorités de l’occupation coloniale
sont en train d’imposer une domination chiite, pendant qu’au cœur
même de
l’empire nord-américain, le droit à l’avortement est
menacé non seulement par
les républicains de George Bush mais aussi par les
démocrates. Ici, au Brésil,
en cette troisième année du gouvernement dirigé
par Luiz Inácio Lula da Silva
et son Parti des travailleurs (PT), nous n’avons même pas
gagné le droit
élémentaire pour les femmes de contrôler leur
propre corps et de mettre fin à
une grossesse non désirée. Il y a plus de
1 400 000 avortements
clandestins chaque année au Brésil, et des milliers de
femmes meurent chaque
année des complications qui en résultent. En même
temps, près de 14 millions de
femmes, constituant 45% de toutes les femmes salariées, et
par-dessus tout les
femmes noires, gagnent le salaire minimum (ou moins), un des plus bas
du monde.
Mais le gouvernement de front populaire de Lula, qui lie les
travailleurs et
les femmes à leurs exploiteurs et oppresseurs, s’oppose
à l’obtention du
droit à l’avortement et défend, becs et ongles, un
salaire minimum de famine. Nous,
Ligue pour la Quatrième Internationale, qui nous sommes
vigoureusement opposés au front-populisme du PT depuis 15 ans,
luttons pour le
droit illimité à l’avortement libre et gratuit sur simple
demande de la femme,
avec des soins médicaux de bonne qualité ; pour des
garderies ouvertes 24
heures sur 24, afin de répondre aux besoins des mères qui
travaillent ;
pour un salaire égal à travail égal ; pour la
socialisation des tâches
domestiques et l’intégration des femmes dans le travail social
productif à
l’extérieur du foyer. En même temps, nous mettons en
garde : simplement
doubler le salaire minimum de misère (et cela dans un
délai de quatre ans !),
comme le propose la Marche mondiale des femmes, laisserait des millions
de
femmes condamnées à la pauvreté. Les
féministes acceptent le système
capitaliste, cherchant seulement à adoucir ses
conséquences. Nous, trotskystes,
en revanche, insistons qu’aucun gouvernement bourgeois ne veut
ni ne
peut mettre sur pied les mesures économiques qui sont
nécessaires pour jeter
les bases d’une véritable égalité entre les sexes
et d’une libération des
femmes de leur oppression séculaire, et que la libération
des femmes sera
seulement possible en unissant les efforts des travailleurs hommes et
femmes
dans une révolution socialiste internationale. 8 mars : Journée internationale des femmes – et lutte
révolutionnaire La
Journée internationale des femmes est un jour
de célébration de la classe ouvrière. Depuis le début du XIXe
siècle, les
femmes ont lutté pour leurs droits : une journée de
travail de 8 heures,
contre le travail des enfants, le droit de vote pour les femmes. En
1857, des
femmes grévistes à New York avaient manifesté le 8
mars pour réclamer des
salaires égaux et des conditions de travail décentes.
Lors de la grande grève
des travailleurs de l’industrie du vêtement à New York en
1908-1909, les
ouvrières ont commémoré cette date.
Inspirée par cette lutte, la dirigeante
socialiste (plus tard communiste) Clara Zetkin a proposé
à la II Internationale
d’adopter officiellement le 8 mars comme Journée internationale
des femmes.
Elle fut célébrée pour la première fois en
Allemagne en 1911. Deux semaines
plus tard, 148 travailleuses d’une manufacture de vêtements
à New York périrent
dans un tragique incendie, une tragédie qui encouragea par la
suite la lutte
pour syndiquer les femmes. Le
8 mars fut célébré en Russie pour la
première fois en 1913, organisé par
les bolcheviks, qui dans leur journal publiaient des exposés sur
l’oppression
de la femme et un programme pour son émancipation. En 1914, Anna
Oulianova
Elizarova, la sœur de Lénine, sortait le premier
numéro de Rabotnitsa
(La Travailleuse), dans des circonstances éprouvantes, la police
ayant arrêté
tout le comité de rédaction, sauf elle. C’était la
première revue en Russie, et
même dans le monde entier, concernant spécifiquement les
questions de la
libération de la femme. Nadejda Kroupskaïa, compagne de
Lénine, écrivait dans
l’éditorial du premier numéro de Rabotnitsa :
« Ce qu’unit la
travailleuse avec le travailleur est beaucoup plus fort que ce qui les
sépare.
Ils sont unis par leur manque de droits et par les besoins et
conditions qu’ils
ont en commun, c’est-à-dire leur travail, leur lutte et leurs
objectifs
communs. »
La
plus importante Journée internationale des femmes de l’histoire
a eu
lieu à Petrograd le 8 mars 1917 quand des ouvrières du
textile entreprirent une
grève « pour le pain et la paix »
impliquant plus de 90 000
travailleurs et travailleuses. Ce fut le début de la
Révolution russe, qui
aboutit à la prise du pouvoir par les soviets, sous la direction
des bolcheviks1, lors de la révolution d’Octobre qui
donna naissance au premier
Etat ouvrier de
l’histoire. Parmi les plus importantes dirigeantes communistes, il y
avait Rosa
Luxemburg, dirigeante du Parti communiste allemand, qui fut
assassinée en
janvier 1919 sur ordre de la direction social-démocrate,
Alexandra Kollontaï et
plusieurs autres. La jeune république soviétique a
très tôt légalisé
l’avortement et le divorce, établissant l’égalité
juridique pour les femmes.
Encore plus important, elle a commencé à jeter les
fondements économiques pour
rendre possible la libération des femmes (garderies, restaurants
collectifs,
buanderies, etc.). L’Internationale communiste a adopté la
pratique bolchevique
de création d’organismes spéciaux pour le travail parmi
les femmes, dans le but
de gagner les meilleures combattantes à la cause
révolutionnaire. Beaucoup
de ces acquis furent renversés ou limités à la
suite de la
contre-révolution politique menée par Staline et
la couche de
bureaucrates nationalistes qui ont trahi la politique internationaliste
des
bolcheviks Lénine et Trotsky. Mais la base économique des
moyens de production
collectivisés est demeurée, même si gravement
affaiblie, jusqu’à la
contre-révolution sociale qui a détruit l’Union
soviétique et les Etats
ouvriers déformés de l’Europe de l’Est entre 1989 et
1992. C’est pourquoi les
trotskystes, tout en luttant en faveur d’une révolution
politique prolétarienne
pour renverser la bureaucratie parasitaire, ont toujours défendu
l’URSS contre
l’impérialisme et la menace de restauration capitaliste. A la
suite du
rétablissement du règne capitaliste, l’existence des
travailleurs et
travailleuses est devenue un véritable enfer. En Allemagne de
l’Est
(anciennement la République démocratique allemande –
DDR), le pourcentage de
femmes travaillant à l’extérieur de la maison est
tombé de 95 à 50%, et plus de
500 000 enseignants furent licenciés en tant que
« communistes ». Offensive
mondiale réactionnaire contre les femmes Actuellement,
la Journée internationale des femmes est
commémorée dans
différents pays, mais cet hommage a perdu son véritable
sens en tant que jour de
lutte prolétarienne. La bourgeoisie avec son appareil
idéologique veut
seulement démontrer la valeur des femmes comme
ménagères, mères et épouses.
C’est une tentative globale de confiner les femmes au foyer. Un des
instruments
utilisés pour cela est ce genre de romans dans lesquels la femme
est toujours
passionnée, recherchant le mariage dans le but de bâtir
une famille. Friedrich
Engels, dans son ouvrage L'origine de la famille, de la
propriété privée et
de l'Etat, nous montre comment la dévalorisation et
l’oppression des femmes
ont commencé avec la formation de la famille monogame qui, avec
l’accumulation
d’un surplus économique de biens, a donné naissance
à l’héritage et à la
nécessité de garantir la paternité, conduisant
à la formation des classes et de
l’Etat, afin de défendre les intérêts de la classe
dirigeante. De cette façon,
les femmes furent reléguées et devinrent la
propriété des hommes. Avec
le développement industriel, la bourgeoisie avait besoin de la
force
de travail des femmes. En conséquence, les femmes sont
retournées travailler,
un des aspects cruciaux de leur émancipation, mais dans les
conditions
d’exploitation, transformant les femmes en main-d’œuvre bon
marché. Sans aucune
aide pour les soins aux enfants, sans garderies, buanderies et
restaurants
gratuits, le travail est devenu un fardeau pour les femmes.
Aujourd’hui, les
nouvelles industries de haute technologie embauchent prioritairement de
jeunes
travailleuses, plusieurs d’entre elles étant des mères
célibataires. Les femmes
ont maintenant accès à plus d’emplois, mais avec des
salaires inférieurs à ceux
gagnés par les hommes. Néanmoins, même avec toute
cette oppression, les femmes
continuent de lutter pour leurs droits, ce qui inquiète toujours
la
bourgeoisie. Comme le socialiste utopiste
français Charles
Fourier l’écrivait il y a presque deux cents ans, en 1808, dans
une phrase
mémorable citée par Karl Marx dans Le Capital :
« Le degré de l'émancipation féminine est
la
mesure du degré de l'émancipation
générale. » Pour les marxistes, le
complément de cette observation est que la libération des
femmes de leurs
oppression et exploitation séculaires est intimement liée
à la lutte de tous
les secteurs des opprimés. (Voir la brochure de la LQB, Libertaçao da mulher mediante a revoluçao
socialista.) Partout
à travers le monde, les attaques contre les femmes ont
été
brutales, particulièrement dans les pays semi-coloniaux. Le Jornal
do Brasil
(6 février 2005) a récemment publié un
article intitulé « Où c’est
un risque d’être femme » : « En
Inde, le nombre de femmes est très inférieur au nombre
d’hommes : pour 1000 hommes, il y a 927 femmes. Au Pendjab, la
moyenne est
de 793. La préférence pour les bébés
mâles conduit à la suppression d’embryons
femelles. Dans l’Etat du Pendjab, au nord de ce pays, les cas de grave
malnutrition sont beaucoup plus répandus parmi les filles
nouvellement nées,
18,35% comparé à 2,35% parmi les bébés
mâles, selon les statistiques du
gouvernement. Le nombre de garçons qui ont appris à lire
et à écrire est le
double de celui des filles; concernant le traitement des maladies, les
garçons
y ont aussi la préférence. Dans ce pays, 80% de la
population indienne est de
religion hindoue, qui croit dans la perpétuation de la famille
par la lignée
patriarcale. De nombreuses femmes souffrent de mauvais traitements de
la part
de leur mari ou beaux-parents si elles n’ont pas de bébé
mâle. » Dans
le Nord du Nigeria, la loi islamique, la charia, a
été
introduite. La Ligue pour la Quatrième Internationale a
dénoncé le cas de
Safiya Hussain, une femme de 35 ans condamnée à mort par
lapidation pour le
prétendu « crime » d’adultère (voir
« Stop à l’exécution de
Safiya Hussain, Libérez-la immédiatement
! ») The
Internationalist n°13, mai-juin 2002. En
Afghanistan et en Irak : les femmes sous occupation coloniale Aujourd’hui
en Afghanistan, les impérialistes se vantent du soi-disant
« triomphe » de la
« démocratie » depuis que les femmes
afghanes votent. Mais les Afghanes sont toujours enfermées dans
l’esclavage
féodal. Le président américain Bush se flatte
d’avoir envahi le pays et renversé
le régime des talibans dans le but de libérer les femmes.
Mais les talibans,
comme leurs rivaux moudjahedin maintenant au pouvoir à Kaboul,
étaient
financés, entraînés et armés dans les
années 80 par les impérialistes qui
avaient mis sur pied une force contre-révolutionnaire pour
combattre l’Union
soviétique et le régime petit-bourgeois réformiste
en Afghanistan. A cette
époque, les guerriers islamiques tuaient des enseignants hommes
et femmes qui
apprenaient à lire et écrire aux jeunes filles. Toute la
gauche brésilienne
(PT, PSTU2,
PCO3,
POR4
et autres) s’est jointe à l’hystérie
antisoviétique, pendant que les
trotskystes authentiques proclamaient : « Salut
à l’Armée rouge en
Afghanistan! Étendez les acquis sociaux de la révolution
d’Octobre aux peuples
afghans ! ».
Après
que Gorbatchev et la bureaucratie stalinienne eurent retiré les
forces soviétiques du pays – un acte qui constitua un coup
mortel pour
l’existence même de l’Union soviétique –, la situation des
femmes afghanes a
subi un grave revers : l’éducation des filles fut interdite
et les
enseignantes licenciées. Dix ans plus tard, les
impérialistes ont
« découvert » la situation infernale des
femmes afghanes, dans le but
de transformer cette question en bannière de combat pour leur
terroriste
« guerre contre le terrorisme ». Alors que de
nombreux
« gauchistes » sont demeurés silencieux
sur l’oppression des femmes
en Afghanistan, et l’ont même excusée avec des
références à la culture
islamique, la Liga Quarta-Internacionalista et le Comitê de Luta
Classista
(groupe d’opposition syndicale lié à la LQB) l’ont
dénoncée. En 2002, lors du
congrès de la Confédération nationale des
travailleurs de l’éducation (CNTE),
le délégué du CLC a proposé au vote une
motion disant, entre autres
choses : « A
Kaboul et ailleurs, les femmes, à l’exception de quelques cas
exceptionnels, continuent à être confinées dans la
prison mobile de la burka
(un voile qui couvre le corps entier de la femme, faisant d’elle une
créature
sans visage). Elles marchent toujours comme des ombres au milieu des
ruines des
villes et villages détruits par les bombes des alliés
intégristes de
l’impérialisme depuis plus de 20 ans et ensuite par la guerre
actuelle des
impérialistes. Maintenant que la ‘liberté’ a soi-disant
été réalisée, les
porte-parole capitalistes disent que les femmes portent la burka
non pas
à cause de la terreur des talibans mais parce qu’elles
décident ‘librement’ de
se couvrir elles-mêmes avec ce tissu. Les impérialistes
ont ‘gagné’ et les
femmes afghanes ont perdu encore une fois. » Le
PSTU réformiste a fait intervenir une de ses partisanes pour
argumenter
contre le vote de cette motion. A
la suite de leur « triomphe » en Afghanistan
à la fin de 2001,
les impérialistes ont envahi l’Irak en mars 2003, imposant un
sanglant règne
colonial. Le porte-parole de l’impérialisme yankee affirme que
leur but était
de libérer les Irakiens du joug du dictateur
« diabolique » Saddam
Hussein. Au contraire, ils ont plongé les Irakiens dans l’enfer.
Récemment,
après la tenue d’élections bidon à la fin de
janvier sous la menace des fusils,
les administrateurs coloniaux sont maintenant en train d’installer un
pseudo-gouvernement chiite. Ces satrapes des vrais empereurs des terres
mésopotamiennes ont déclaré leur intention
d’imposer la charia qui
placerait légalement les femmes sous le contrôle des
hommes, les isolant et
institutionnalisant la négation de leurs droits
démocratiques. Le
« Conseil d’administration irakien », qui a servi
de couverture aux
impérialistes, a déjà essayé d’y recourir,
approuvant le décret 137 en décembre
2003, qui a déchaîné les protestations des femmes
à Bagdad et dans d’autres
villes irakiennes. Jusqu’à
la guerre du Golfe en 1990-1991, l’Irak était un des pays les
plus
laïcs du Proche-Orient, même si le progrès social
était largement limité aux
centres urbains. Les femmes dans la capitale et les grandes villes
étaient
habillées de vêtements européens, comme le
faisaient les hommes; des jeunes
femmes portaient même des minijupes. Cela ne se reflétait
pas seulement dans
l’habillement : il y avait un nombre significatif de femmes
professeurs
d’université, médecins et enseignantes. Mais ce
n’était pas à cause d’une
quelconque vertu de Saddam Hussein, un dictateur nationaliste brutal
dans la
continuité de Chang Kaï-chek en Chine avant la
révolution. Dans les années 60
et 70, Hussein était l’homme de la CIA à Bagdad,
spécialisé dans les coups
d’Etat et les massacres de communistes. Les
relatives avancées des femmes irakiennes étaient le
résultat du fait
que le pays a connu les débuts d’une révolution sociale
en 1958, avec la chute
de la monarchie hachémite imposée par les Britanniques.
La première loi sur la
condition des individus fut publiée en 1959 par le gouvernement
du général
Kassem, qui incluait une femme ministre du Parti communiste. Haifa
Zangana, une
ancienne romancière qui fut plus tard emprisonnée par
Saddam Hussein,
raconte : « Les
femmes furent impliquées dans la révolution de 1920
contre
l’occupation britannique, y compris dans la lutte armée. Dans
les années 50,
les partis politiques ont créé des organisations de
femmes. Toutes exprimaient
le même principe : en luttant côte à côte
avec les hommes, les femmes se
libèrent aussi par elles-mêmes. Ce qui trouva sa
confirmation dans les suites
de la révolution de 1958, qui a mis fin à la monarchie
imposée par les
Britanniques, quand les organisations de femmes
réalisèrent en deux ans ce que
plus de 30 ans d’occupation britannique avaient échoué
à faire : l’égalité
juridique. « Ce
processus a mené l’UNICEF à écrire dans son
rapport de
1993 : ‘Rarement les femmes dans le monde arabe
bénéficient d’autant de
pouvoir qu’elles en ont en Irak (…) Les hommes et les femmes doivent
recevoir
un salaire égal pour un travail égal. Le revenu d’une
épouse est reconnu comme
étant indépendant de celui de son époux. En 1974,
l’éducation est devenue
gratuite à tous les niveaux et en 1979 elle est devenue
obligatoire pour les
garçons et les filles jusqu’à l’âge de 12
ans’. » –Haifa
Zangana, « Silence ou j’appelle la
démocratie » Guardian
[Londres], 22 décembre 2004 La
participation du Parti communiste aux gouvernements capitalistes
après
le soulèvement de 1958 suivait le dogme stalinien de
« la révolution en
deux étapes », donnant un appui politique au
nationaliste bourgeois
Kassem. Plus tard, ils ont fait la même chose avec Saddam
Hussein. En échange
de cette trahison réformiste des intérêts des
travailleurs irakiens, des
milliers de communistes furent tués. Même
ainsi, Hussein ne fut pas capable d’éliminer tous les acquis
sociaux
gagnés alors, malgré sa recherche de compromis avec les
intégristes islamiques.
Ce qu’il fut incapable de faire, les impérialistes
l’accomplissent
maintenant : en rejetant les femmes dans des conditions
médiévales. Aujourd’hui,
les Irakiennes qui sortent dans la rue sans leur voile noir (abaya,
une
prison vestimentaire qui couvre le corps en entier, de la tête
aux pieds)
courent le risque d’être tuées, si ce n’est pas par les
intégristes chiites
alliés aux occupants américains, alors elles le sont par
les intégristes
sunnites qui dominent l’opposition au régime colonial.
Aujourd’hui, les
trotskystes luttent pour la défaite des impérialistes en
Irak et en
Afghanistan, et pour la défense des peuples de ces pays, saluant
chaque coup
contre le régime colonial. Mais nous le faisons à partir
d’une position
internationaliste et prolétarienne, tout comme nous mettons en
garde en même
temps contre le danger posé par les islamistes qui ne sont en
aucune façon des
ennemis de l’impérialisme, mais qui, au contraire, recherchent
la coexistence
avec le « Grand Satan ». Au
Brésil, le front populaire de Lula perpétue l’oppression
des femmes Au
Brésil, la question femmes est liée directement à
la gamme complète de
l’oppression sociale. Elle est inséparable de la lutte des
paysans sans terres.
La plus importante personnalité qui en est venue à
symboliser la violence
contre les femmes est Margarida Maria Alves, la dirigeante du syndicat
des
travailleurs agricoles qui fut assassinée il y a 20 ans à
l’instigation des
propriétaires du moulin à cannes à sucre de
Paraiba. Sa mort est commémorée
chaque année le 26 août lors de la « Marche des
Margaridas ». Pendant
que le front populaire occupe le Palacio do Planalto (le palais
présidentiel),
les militants paysans continuent à être abattus de
sang-froid par les jagunços
(les armées privées de tueurs professionnels des
propriétaires terriens). Une
preuve stupéfiante en est l’assassinat récent de la
religieuse Dorothy Stange
par un homme de main envoyé par un fazendeiro
(propriétaire d’un domaine) qui avait
été accusé d’utiliser des esclaves.
Et, alors que le gouvernement Lula exécutait à la lettre
les programmes
ant-ouvriers du FMI, sans même se conformer à son but
minimal de réforme
agraire, il prétend répondre aux
misérables conditions de vie des plus pauvres avec des
programmes d’aide
sociale tels que « Faim Zéro » et
« Traitement familial ».
Mais ces programmes ne vont même pas au-delà d’une
aumône ridiculement infime
de nourriture aux familles affamées. L’oppression
des femmes est aussi liée intimement au problème des
enfants
de la rue, qui souffrent de privation, humiliation, agression, torture
et même
meurtre, principalement de la part de la police. L’affaire la plus
connue a eu
lieu à Rio de Janeiro en 1993, quand huit jeunes enfants qui
dormaient au
centre de la ville, près de l’église Candelaria, furent
abattus par des
policiers. Mais ce n’est pas seulement une question historique. Le Jornal
do
Brasil (30 janvier 2005) rapporte en première page :
« Jeunes
gens exterminés - en un an, 51 enfants et jeunes meurent
violemment au
centre-ville. Les ONG5 suspectent une action
planifiée ». Les enfants et les
jeunes sont aussi à
la merci des gangsters de la prostitution et de l’industrie du trafic
de drogue,
et des officiers de l’armée qui terrorisent les favelas
(taudis) au nom
de la « guerre contre la drogue », qui est en
réalité une guerre
contre les pauvres. Aujourd’hui, la torture est plus fréquente
que durant les
années de la dictature (1964-1985) ; la différence
est que maintenant il
n’y a pas de protestation, parce que ce ne sont pas les enfants de la
classe
moyenne qui sont torturés mais les habitants des taudis. En
Amérique latine, l’Eglise catholique (à la fois
directement et par le
biais d’organisations telles que « Familles pour la
vie ») ainsi que
de nombreuses sectes intégristes protestantes sont des bastions
de la réaction
sociale, qui cherchent à enchaîner les femmes à la
famille. Ce sont des
adversaires implacables du droit au divorce, de l’utilisation des
contraceptifs
et de l’avortement, même dans le cas de fœtus anencéphales
(privés de cerveau).
Le principal dirigeant des forces catholiques au Congrès,
Severino Cavalcanti,
l’auteur de la loi proclamant le « Jour des enfants à
naître » a été
élu président de la Chambre des députés
suite à une manœuvre de Anthony
Gortinho du PMDB6.
Le
gouverneur actuel de l’Etat de Rio de Janeiro, Rosinha Garotinho,
également du
PMDB, viole la Constitution qui promet des écoles laïques,
une réalisation
gagnée au siècle des Lumières. Elle veut retourner
au Moyen Age, à l’époque de
l’obscurantisme, en imposant l’éducation religieuse par le feu
et l’épée. L’avortement est un des points les plus
fondamentaux de la défense des femmes. Sous ce système
capitaliste, de
nombreuses femmes sont incapables de s’occuper de leurs enfants et
finissent
par les abandonner. Les femmes ont voté à une grande
majorité pour le Parti des
travailleurs de Lula lors des élections de 2002 et plusieurs
militantes du PT
occupent maintenant des postes dirigeants dans le gouvernement. En
juillet
dernier, la Conférence nationale des politiques pour les femmes
a approuvé une
résolution cadre pour la légalisation de l’avortement.
Cependant, en dépit de
cela, le PT n’a pas défendu le droit à l’avortement. Lula
lui-même a demandé à
la Conférence de faire preuve « d’une patience de
femme » envers son
gouvernement (Folha de S.Paulo, 16 juillet 2004). Les
organisations
féministes pensaient qu’elles réussiraient finalement
à faire bouger le
gouvernement quand le ministre de la Santé a publié en
septembre une
« norme technique » demandant des soins
médicaux pour les femmes qui
ont subi un avortement et la Cour suprême a approuvé une
injonction qui
autorisait l’avortement dans les cas des fœtus anencéphales.
Cependant ces
mesures ont été bloquées. Aujourd’hui,
ce ne sont pas seulement les forces ouvertement
réactionnaires qui ont placé des obstacles dans
la voie pour gagner le
droit à l’avortement. L’Eglise catholique a des
défenseurs à l’intérieur du PT,
tels que Angela Guadagnin de Sao Paolo, une membre de
« Pro-Vie »
dans son diocèse, qui s’est maintenant prononcée contre
l’élargissement des
lois qui en ce moment permettent l’avortement seulement dans le cas de
viol et
quand la vie de la mère est en danger. Parmi les autres membres
du PT qui sont
férocement opposés au droit à l’avortement, il y a
le sénateur Marina Silva, de
l’Etat d’Acre, et Hélio Bicudo, qui fut maire-adjoint de Sao
Paulo sous le
règne de Marty Suplicy. Dans une interview à Folha de
S.Paulo (13
décembre 2004), Bicudo déclara que le débat sur
l’avortement est
« inopportun » et s’est déclaré
lui-même « absolument
opposé » à l’avortement dans le cas de fœtus
qui n’ont pas de cerveau. Maintenant,
le gouvernement fédéral a annoncé qu’il ne fera
pas de
changement dans les lois sur l’avortement, laissant les membres du
Congrès
voter selon leur « conscience » sur le sujet (par
contraste, lors du
vote sur la « réforme » des pensions, les
députés du PT qui ont voté
contre cette attaque contre la classe ouvrière furent exclus du
parti). Mais,
même la « gauche » ne lutte pas
sérieusement contre le refus du PT de
légaliser l’avortement. Elle s’est alliée avec les
partisans catholiques de la
théologie de la libération à l’intérieur du
PT et ne combat pas ces forces
rétrogrades parce qu’elles l’ont rejointe en élisant ce
gouvernement de front
populaire qui défend le système capitaliste. Bien
sûr, chaque 28 septembre,
célèbre-t-elle de manière rituelle le jour
latino-américain pour la
légalisation de l’avortement. Mais, pour le 8 mars,
Journée internationale des
femmes, même la Marche mondiale des femmes ne mentionne pas le
droit à
l’avortement dans sa « Lettre mondiale des femmes pour
l’humanité ».
Ses 17 revendications font seulement une référence timide
à la
« reconnaissance du droit des femmes à décider
de leur vie, de leur corps
et de leurs fonctions reproductives ». Ce n’est pas un
hasard, la
« Marche » est basée sur des
conférences internationales sur les
femmes parrainées par les Nations Unies (à Beijing et au
Caire) qui ont refusé
de défendre le droit à l’avortement suite aux pressions
des gouvernements
islamiques, de l’Eglise Catholique et des Eglises intégristes
protestantes. Au
fond, les féministes et les réformistes du PT ne luttent
pas pour les droits
des femmes parce qu’ils ne luttent pas contre la classe dirigeante et
le
gouvernement bourgeois qui défend ses intérêts.
Pour la même raison, ils ne
défendent pas les droits des homosexuels, brimés par les
forces réactionnaires
qui considèrent les gays comme un
« danger » pour la famille, la base
pour le traditionalisme et le conservatisme dans la
société capitaliste. Nous,
trotskystes, luttons pour l’abolition de la famille telle que
proclamée dans le
Manifeste du Parti communiste et pour son remplacement par des
institutions
collectives qui libèrent les femmes de l’esclavage domestique.
En même temps,
nous appelons en faveur de la pleine égalité pour les
droits des homosexuels,
incluant le droit au mariage ou aux unions civiles. La
vérité est que ce gouvernement bourgeois de front
populaire poursuit la
même politique que les présidents qui l’ont
précédé. Ses priorités sont celles
des grands capitalistes; il a exécuté à la lettre
les programmes anti-ouvriers
du FMI. Les femmes du PT qui ont des positions importantes dans le
gouvernement, telles que l’ancienne gouverneur de Rio de Janeiro,
Benedita da
Silva, et les anciennes maires de Sao Paulo Marta Suplicy et Luiza
Erundina,
maintenant dans le PSB7,
n’ont pas seulement rien fait pour les droits des femmes, mais elles
ont été de
féroces briseurs de grèves au service des
intérêts du capital, envoyant la
police tabasser les syndicalistes en lutte, hommes et femmes. C’est
seulement
en construisant un parti ouvrier révolutionnaire qui lutte pour
la révolution
socialiste internationale que l’on peut réaliser
l’émancipation définitive de
la femme de son oppression, libérant ainsi la capacité
créatrice de la moitié
de l’humanité des obstacles qui barrent le chemin d’une vie de
dignité et de
pleine participation à la société sans classes. n
1 Les
soviets
(conseils ouvriers) sont apparus lors de la
Révolution russe de 1905, qui échoua, et de
nouveau lors de la
Révolution russe – victorieuse – de 1917 et constituaient la
base de l’Etat
soviétique dans ses premières années. Ils furent
plus tard vidés de leur
contenu avec l’usurpation du pouvoir politique par la bureaucratie
nationaliste
conservatrice sous Staline, en 1923-1924. Le Parti bolchevique
était dirigé en
1917 par V.I. Lénine et Léon Trotsky. En opposition avec
les partis
sociaux-démocrates « larges », qui ont
presque uniformément capitulé
face à leur propre bourgeoisie lors de la Première Guerre
mondiale
impérialiste, les bolcheviks furent un parti
révolutionnaire d’avant-garde, qui
a pris une position défaitiste révolutionnaire dans cette
guerre, jetant les
bases pour la conquête du pouvoir, juste après.
2 Partido
Socialista dos Trabalhadores Unificado, Parti
socialiste des travailleurs unifié, disciples du
pseudo-trotskyste
argentin Nahuel Moreno, décédé en 1987. 3 Partido Causa Operária, Parti
de la cause
ouvrière, allié avec le pseudo-trotskyste argentin Jorge
Altamira. 4 Partido
Operário Revolucionário,
Parti
ouvrier révolutionnaire, disciples du pseudo-trotskyste bolivien
Guillermo
Lora. 5
Organisations
non gouvernementales (ONG), groupes
soi-disant privés faisant dans le social et
l’ « humanitaire »
qui sont en fait financés par les gouvernements ou des
associations caritatives
et autres « fondations » mises sur pied par des
dirigeants
capitalistes dans le but de canaliser le mécontentement et
combattre la gauche. 7 Parti socialiste
brésilien, un parti
bourgeois dirigé par le propriétaire foncier du Nord-Est
Miguel Arraes, qui
fait partie du gouvernement de front populaire dirigé par le PT.
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