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juin 2001 
Pour un gouvernement ouvrier et paysan!

Algérie : Kabylie en révolte
(deuxième partie)


Ouvriers du complexe sidérurgique El Hadjar à Annaba en mai 2000 lors de leur 
mouvement de protestation contre le non-paiement des salaires. (Photo : Liberté)

La classe ouvrière dans la tourmente

A l’apogée de la guerre civile, le régime procédait à l’application rigoureuse du Programme d’ajustement structurel, ce qui impliquait l’accélération du démantèlement du secteur public et la liquidation de centaines d’entreprises, provoquant la mise au chômage de centaines de milliers de travailleurs (400 000 selon les chiffres officiels). Néanmoins, face à l’état d’urgence le prolétariat algérien a manifesté sa combativité en menant des mouvements de grève pour faire échec à la politique anti-ouvrière dictée par l’austérité du FMI et appliquée par le régime militaire. Il faut rappeler le rôle joué par les ouvriers de la zone industrielle de Rouiba en tant que catalyseurs de la révolte d’octobre 1988, et aussi le fait que lors de la « grève » du FIS en juin 1991 la classe ouvrière dans son ensemble n’a pas suivi l’appel des islamistes. Même à l’apogée des tueries (et les égorgeurs sont responsables pour l’assassinat de centaines de syndicalistes) cette classe ouvrière a lutté.

Décembre 1995, les ouvriers du bâtiment se sont mis en grève, exigeant le paiement des arriérés de salaire. Lors d’une manifestation interdite, ils ont occupé la place devant le siège de l’UGTA. Pour y faire face, le gouvernement a trouvé un nouvel impôt – un prélèvement sur les salaires des ouvriers du secteur public (« impôt de solidarité »). 

Début février 1996 plusieurs centaines de milliers d’ouvriers, dont 200 000 du secteur public, ont fait grève contre ce plan. Pendant deux jours, ces grèves ont paralysé les aéroports, les chemins de fer, les écoles, les universités, la poste, la sidérurgie, la Sonatrach (l’entreprise nationale de production des hydrocarbures), bien que l’UGTA n’ait voulu qu’une grève symbolique. Le parallèle avec les luttes ouvrières contre le Plan Juppé en France quelques mois plus tôt ne fait que souligner la nécessité de briser le mur de la « forteresse Europe » et forger une unité de classe entre le prolétariat des métropoles impérialistes et le prolétariat maghrébin.

Puis en 1997 viennent trois jours de grève générale observée par les travailleurs de la wilaya de Skikda (zone très importante avec sa concentration industrielle). Ces trois jours de grève ont donné un souffle à la classe ouvrière pour de revendiquer ses droits asphyxiés sous prétexte de situation sécuritaire. 

En juillet de la même année, les travailleurs de la SNVI (Société nationale de véhicule industrielle située dans la zone industrielle de Rouiba) ont organisé un mouvement de grève contre un projet de partenariat entre le ministère des transports et Daewoo.

En 1998-1999 vient le tour de l’université avec une grève historique des enseignants, qui a durée 134 jours, mais qui s’est terminée par un échec. Cette grève, organisée par le CNES (syndicat enseignant indépendant de l’UGTA), est la plus longue qu’ait connue l’université depuis l’indépendance. 

En janvier 2000, les 6 000 travailleurs d’Alfasid (filiale du groupe Sider) dans le complexe sidérurgique El-Hadjar à Annaba ont débrayé contre un projet de « compression » d’effectifs dans le cadre des préparatifs pour la privatisation de la société. Le mouvement est reparti le 15 mai suite au non-paiement des salaires. La protestation s’est étendue aux aciéries, à la cokerie et aux hauts fourneaux, et aussi aux Ateliers maghrébins de mécanique. Le 16, les ouvriers tentaient de manifester devant le siège de la direction. Cette marche a été réprimée sauvagement par un Groupement d’intervention rapide avec des bombes lacrymogènes et des balles en caoutchouc, faisant 30 blessés.

Police anti-émeutes du Groupe d’intervention rapide réprimait sauvagement les ouvriers d'El-Hadjar le 16 mai 2000. (Photo : El Watan)

Le quotidien porte-parole des hommes d’affaires Liberté (18 mai 2000) s’inquiétait des «signes d’un embrasement généralisé », craignant que « ce qui s’est passé mardi à Annaba puisse se reproduire à la SNVI de Rouiba ou à l’ENIEM de Sidi Bel Abbès ». En effet, le complexe entier était paralysée et le 20 mai, 120 000 métallos étaient dans la rue pour une journée de protestation de la fédération métallurgique. Mais Sidi Saïd (le chef de l’UGTA) et ses lieutenants ont encore joué les pompiers; deux jours plus tard, la grève était terminée avec la promesse du paiement des salaires. Le chef du syndicat local était condamné à six mois de prison ferme. 

Ensuite, le 20 mars de cette année l’UGTA a appelé à une journée de protestation contre les projets de privatisation de la Sonatrach. La grève a été largement suivie dans le secteur des hydrocarbures et des débrayages de solidarité ont eu lieu ailleurs, par exemple dans le secteur public dans la wilaya de Tizi Ouzou. Cependant, la direction de l’UGTA ne voulait donner qu’un « avertissement » inoffensif au gouvernement, qui a fait la sourde oreille.

Malgré sa combativité, la classe ouvrière algérienne, trahie de tous côtés, n’a pu consolider ses luttes éparses dans une offensive unifiée, se poser comme une alternative au régime et offrir une perspective aux masses plébéiennes et en particulier à la jeunesse désespérée. Au lieu de mobiliser la classe ouvrière pour mener une offensive contre la politique d’austérité dictée par le FMI, l’UGTA , avec son appareil corrompu, a accepté d’être l’instrument des gouvernements successifs pour leur faciliter la tâche. 

A l’époque où l’appareil du gouvernement FLN contrôlait toutes les organisations sociales – des scouts algériens aux mosquées – l’UGTA était un appareil corporatiste, une courroie de transmission du parti unique bourgeois. A la suite de la décomposition et défenestration du FLN, cette relation étroite s’est distendue. En fait, la bureaucratie syndicale sous Saïd avait été à l’origine du Rassemblement National Démocratique (RND) qui servait de véhicule politique pour Zeroual. Aujourd’hui la direction de la centrale syndicale a tissé des liens avec plusieurs partis bourgeois, principalement le RND, le FLN et le RCD. 

Les staliniens du Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme (PADS) qui historiquement faisaient partie de l’appareil de l’UGTA, même à l’époque où leur parti (le PCA) était interdit, conservent une implantation dans plusieurs industries. Mais comme auparavant, ils luttent non pas pour l’indépendance de classe du prolétariat mais pour l’enchaîner à certains secteurs de la bourgeoisie algérienne. Dans le cas de la grève d’Alfasid, alors que les ouvriers luttaient pour le paiement de leurs salaires, le journal du PADS se posa en meilleur gestionnaire de cette entreprise nationalisée, exigeant que le monopole minier Ferphos vende le minerai de fer, matière première pour la sidérurgie. 

La gauche réformiste demande au gouvernement qu’il utilise les recettes pétrolières pour « relancer la production nationale ». Mais les entreprises nationalisées dans le cadre de l’Etat bourgeois sont, comme l’expliquait Trotsky à propos du Mexique, « une mesure de capitalisme d’Etat dans un pays arriéré qui cherche à se défendre de cette façon d’une part contre l’impérialisme étranger, et d’autre part contre son propre prolétariat » (« Les syndicats à l’époque de la décadence impérialiste », 1940). S’il faut lutter avec ténacité contre les privatisations, ce n’est pas pour revenir au système bonapartiste d’avant 1988 mais pour empêcher l’atomisation du prolétariat industriel, une lutte qui ne peut pas être menée dans le cadre du syndicalisme pro-capitaliste. 

La classe ouvrière algérienne doit virer les bureaucrates corrompus liés aux partis bourgeois! Contre les attaques anti-ouvrières de Bouteflika, à la solde du FMI, la classe ouvrière doit se mobiliser pour imposer l’échelle mobile des salaires et l’échelle mobile des heures de travail -  la répartition du travail entre toutes les mains ouvrières. Aucun licenciement ! Le déficit de logements publics avait provoqué des émeutes l’année dernière : pour lutter contre le chômage il faut un programme de grands travaux sous contrôle ouvrier. Pour lutter contre la privatisation tous azimuts, le contrôle ouvrier sur la production industrielle et minière peut être aussi un levier important pour bloquer les plans de la bourgeoisie, tant nationale qu’impérialiste, dans le cadre de la lutte pour la révolution socialiste. 

Dans le contexte de la révolte actuelle en Kabylie, la classe ouvrière algérienne doit se mobiliser à l’échelle nationale et se doter des organes de son propre pouvoir de classe : comités et conseils ouvriers. Et comme le gouvernement le sait très bien, les masses laborieuses sont loin d’être dépourvues d’armes. Mais dans les « groupes d’autodéfense légitimes » et les autres milices mobilisées pour la lutte contre les groupes armés intégristes, ils sont sous le contrôle de formations bourgeoises. Il faut préparer la formation des milices ouvrières pour se défendre contre le bain de sang qui se prépare. Pour contrecarrer la répression, de puissantes actions de grève dans les secteurs clés de l’économie sont urgentes, y compris une grève générale, laquelle posera à brûle-pourpoint la question fondamentale du pouvoir : quelle classe domine le pays ?

Car la seule réponse de fond aux attaques du gouvernement capitaliste et de ses patrons impérialistes c’est de lutter pour un gouvernement ouvrier et paysan, pour la révolution socialiste internationale. Un régime prolétarien sera obligé, pour sa survie, d’annuler immédiatement la dette impérialiste. Pour faire face aux inévitables représailles de l’impérialisme, il faudra étendre la révolution aux pays impérialistes créanciers. Les travailleurs émigrés maghrébins représentent une composante clé du prolétariat européen et pourront jouer le rôle d’un pont vivant entre les luttes de classes des deux côtés de la Méditerranée. C’est pour cela que luttera le parti ouvrier révolutionnaire qu’il faut forger. 

A bas le Code de la famille ! 
Pour la libération des femmes par la révolution socialiste !


Femmes kabyles pendant la « marche noire » à Tizi Ouzou le 23 mai. (Photo : Le Matin)

La lutte révolutionnaire de la classe ouvrière ne peut pas se limiter aux questions strictement économiques. La remontée des islamistes sous le « recentrage » opéré par Zeroual et Bouteflika a pour cible prioritaire les femmes. Un porte-parole du MSP, parti islamique soi-disant « démocratique », s’en prend aux femmes qui protestent contre leur oppression, se permettant de les salir comme étant  « celles qui font commerce de leurs corps ». Les imams intégristes dénoncent la « décadence ». Plus grave encore, les « repentis » se pavanent en kami et menacent les femmes qui ne portent pas le voile ou le hidjab. En même temps il y a des contrôles d’identité effectués par les « gardiens de la morale » policiers à Alger, Tizi Ouzou et maintenant Oran, avec l’objectif non dissimulé d’arrêter ou, tout du moins, d’intimider les couples non mariés. C’est une réédition de « la campagne d’assainissement » de triste mémoire menée sous Chadli en 1982.

En mars 2000 Bouteflika s’attaquait directement aux femmes en leur demandant de ne pas « provoquer les repentis par leur tenue vestimentaire ». Voilà la réponse du régime aux milliers de femmes qui sont courageusement descendues dans les rues contre la réaction islamique, et qui ont payé un si lourd tribut en victimes. On leur dit qu’elles ne doivent pas toucher au Code de la famille, qui relègue les femmes dans un statut de mineures permanentes. Malheureusement, les féministes et la gauche opportuniste ont canalisé la combativité de ces femmes dans un soutien au régime militaire. Mais ce régime, tout en prétendant être le dernier rempart contre les égorgeurs intégristes, a maintenu intégralement l’oppression des femmes algériennes.

Car, il n’est pas seulement question de concilier les islamistes au nom de la  « concorde civile ». Le FLN n’avait pas attendu la montée du FIS pour mettre en pratique les préceptes de base de la charia islamique! Les femmes qui ont joué un rôle primordial dans la guerre d’indépendance furent renvoyées au foyer familial dès le lendemain. L’Algérie bourgeoise a été incapable de mener à bien même les tâches démocratiques les plus élémentaires et a condamné les femmes à une existence amère où même le simple fait de fumer ou de se vêtir selon son goût peut entraîner la mort. Le FLN et ses successeurs ont renforcé l’emprise de la religion et la structure familiale autoritaire comme piliers essentiels de la domination bourgeoise. Ainsi la majorité des femmes sont toujours enfermées à la maison, exclues du travail et de la vie politique. Même aujourd’hui, sur des millions de femmes en âge de travailler, il n’y en a que 610 000 environ qui occupent effectivement un emploi (un taux d’activité global de 13,2 pour cent).

Les associations féministes telles que le RAFD (Rassemblement algérien des femmes démocrates) ou l’AITDF (Association indépendante pour le triomphe des droits des femmes) – suivies en cela par la majorité de la « gauche » – proposent, non pas l’abrogation du Code de la Famille, mais seulement son aménagement par des « amendements ». Et personne n’a jamais osé remettre en cause l’interdiction de l’avortement, qui est pénalisé par une législation... datant de la période coloniale. 

La question femme est intimement liée aux luttes actuelles contre le pouvoir assassin et les partis complices. Dans la marche des femmes à Tizi Ouzou le 24 mai, les participants ont chassé Khalida Messaoudi, députée et conseillère du président Bouteflika, qui vient de quitter le RCD. Quand elle fut reconnue, les manifestantes ont crié : « Khalida dehors ! » Ce n’est pas question d’une seule personne. Il n’est pas question d’une seule personne. La menace des islamistes est très réelle –  il suffit de voir le sort réservé aux femmes en Afghanistan après le retrait des troupes soviétiques en 1989 et la victoire des islamistes ! Mais pendant une décennie, ce danger a été utilisé pour enchaîner les femmes au régime des militaires assassins. Même aujourd’hui le misérable PADS, dans sa déclaration pour le 8 mars, Journée internationale des femmes, dénonce « la mise en accusation des chefs de l’armée algérienne pour “crimes contre l’humanité” !» Mais bien sûr les commanditaires des ninjas, des CNS, de la gendarmerie et de l’armée sont coupables de crimes contre l’humanité, comme l’assassinat de Massinissa Guermah et de plus de 80 jeunes ces derniers jours !

Le 2 mars à Staoueli, intervention de la police contre la manifestation organisée pour protester l'interpellation de jeunes couples. (Photo: STR/AFP)

Le combat pour la libération des femmes reste une question stratégique de la révolution, en Algérie comme ailleurs. Les trotskystes exigent l’abolition du Code de la famille, la pleine égalité des droits des hommes et des femmes, et la séparation complète de la religion et de l’Etat ! Los homosexuels aussi sont les victimes de l’ordre moral bourgeois : A bas la terreur contre les homosexuels, abrogrations des lois anti-homosexuelles !  Nous luttons pour l’avortement libre et gratuit, décidé par la femme, y compris pour les mineures, et pour un système médical de haute qualité, accessible gratuitement à tout le monde. Nous luttons pour faciliter l’intégration de la femme au travail social avec des mesures comme les crèches gratuites, ouvertes 24 heures sur 24, et pour salaire égal à travail égal. Ce n’est pas seulement une question de droits démocratiques. Il faut s’attaquer aux racines mêmes de la réaction islamique. Seul le renversement du capitalisme et l’instauration d’un système économique collectivisé et planifié pourra émanciper les femmes de l’esclavage domestique. C’est pourquoi nous luttons pour la libération de la femme par la révolution socialiste

Le trotskysme contre la gauche opportuniste

Comme l’écrivait Léon Trotsky dans La révolution permanente (1930) :

« Pour les pays à développement bourgeois retardataire et, en particulier pour les pays coloniaux et semi-coloniaux, la théorie de la révolution permanente signifie que la solution véritable et complète de leurs tâches démocratiques et de libération nationale ne peut être que la dictature du prolétariat, qui prend la tête de la nation opprimée, avant tout de ses masses paysannes….

« L’alliance révolutionnaire du prolétariat et de la paysannerie n’est concevable que sous la direction politique de l’avant-garde prolétarienne organisée en parti communiste. Ce qui signifie à son tour que la victoire de la révolution démocratique n’est concevable qu’au moyen de la dictature du prolétariat qui s’appuie sur son alliance avec la paysannerie et résout, en premier lieu, les tâches de la révolution démocratique….

« La dictature du prolétariat qui a pris le pouvoir comme force dirigeante de la révolution démocratique est inévitablement et très rapidement placée devant des tâches qui la forceront à faire des incursions profondes dans le droit de propriété bourgeois. La révolution démocratique, au cours de son développement, se transforme directement en révolution socialiste et devient ainsi une révolution permanente.

« La conquête du pouvoir par le prolétariat ne met pas un terme à la révolution, elle ne fait que l’inaugurer. La construction socialiste n’est concevable que sur la base de la lutte de classe à l’échelle nationale et internationale. »

Le programme de la révolution permanente était celui des bolcheviks en octobre 17 sous Lénine et Trotsky, quand ils ont renversé le gouvernement provisoire bourgeois de Kerensky au nom du « Pain, la terre et la paix » et établi la dictature prolétarienne qui procéda à des tâches proprement socialistes, en même temps qu’ils ont cherché à étendre la révolution aux centres impérialistes, surtout en Europe occidentale. 

Ce programme authentiquement communiste et internationaliste est tout le contraire du réformisme nationaliste du stalinisme, avec son dogme antimarxiste et utopique de  « construction du socialisme » dans un seul pays et sa contrepartie : l’abandon de la lutte pour la révolution socialiste dans le reste du monde et sa substitution par la politique du « front populaire » avec des fractions de la bourgeoisie. Les débris du stalinisme rassemblés dans le PADS persistent dans la stratégie front-populiste de collaboration de classes, et ils l’admettent volontiers. Au commencement de la guerre civile avec les islamistes, leur prédécesseur, le PAGS, appelait à la participation dans un « Comité national de sauvegarde de l’Algérie » comprenant l’UGTA et des patrons. Aujourd’hui ces réformistes indécrottables appellent à « la réalisation des alliances avec la frange démocratique moderniste de la bourgeoisie y compris avec les courants anti-intégristes du pouvoir » (« L’Algérie toujours menacée par le danger islamo-fasciste et les pressions impérialistes », avril 1999). Ils essaient ainsi de ligoter les masses travailleuses à leurs affameurs au nom de l’« antifascisme » (un soutien aux tortionnaires de l’armée au nom de la lutte contre l’intégrisme).

Si le trotskysme lutte pour une direction révolutionnaire du prolétariat et contre les actuels dirigeants pro-capitalistes, les pseudo-trotskystes font tout le contraire. Ils pratiquent le suivisme, s’adaptant aux diverses forces nationalistes et réformistes qui mènent les travailleurs à l’échec, et élaborent des thèses révisionnistes pour justifier leur capitulation. Cet opportunisme a une longue histoire en Algérie, qui remonte à la guerre de l’indépendance. Le courant dirigé par Michel Pablo apportait non seulement de l’aide militaire aux insurgés algériens mais aussi son soutien politique au FLN. Les pablistes abandonnaient le trotskysme au début de la Guerre froide pour suivre les staliniens ; plus tard ils ont fait le même jeu avec les castristes, maoïstes, officiers de l’armée portugaise…et François Mitterrand, patron de l’impérialisme français et social-démocrate antisoviétique de l’OTAN. Pablo lui-même entrait au premier gouvernement Ben Bella comme architecte et administrateur du projet d’autogestion des grands terrains agraires – un fonctionnaire dans un gouvernement bourgeois. 

Parmi les groupes en Algérie qui se réclament faussement du trotskysme, le plus connu est le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune, lié au PT français et au courant pseudo-trotskyste international dirigé par Pierre Lambert. Loin de lutter pour la révolution permanente, le PT algérien agit comme des porteurs d’eau au service des islamistes. En 1991, ils ont soutenu la grève semi-insurrectionnelle du FIS. En 1995, le PT jouait un rôle néfaste dans l’organisation de la table ronde de Sant’Egidio avec le FIS. Dans une interview accordée à Informations Ouvrières (11 juin 1997), le journal des lambertistes en France, Hanoune déclarait qu’au lendemain des élections elle avait « adressé une lettre au président de la République » dans laquelle elle le suppliait de lui accorder une audience pour « rechercher les moyens d’en finir avec la guerre ». En réalité, les quatre députés du PT furent élus grâce à l’appui du FIS, qui préconisait de « voter pour les candidats qui sont en faveur de la paix » (le Monde du 11-12 mai 1997).

Dans El Watan (15 février 2001), Hanoune en appelle de nouveau à « monsieur le président » en lui implorant de faciliter des pourparlers entre elle et Ali Benhadj de l’ex-FIS, dans le cadre d’un « dialogue avec tous les partis sans exclusive » pour « instaurer la paix ». Dernièrement le PT  a critiqué de façon hypocrite « l’internationalisation du conflit » proposée par le FFS, et marche avec le RCD, les complices du pillage du pays par le FMI. (En fait, Hanoune n’a rien contre le « dialogue » avec le FMI – c’est ce qu’elle a fait elle-même à Washington en février 1994 !) Alors qu’ils se présentent surtout comme des conciliateurs entre tous les partis bourgeois algériens, la capitulation de ces imposteurs devant la réaction islamique va beaucoup plus loin - jusqu’à l’organisation de la prière dans ses locaux et le port du voile par ses militantes ! Mais il y a là une certaine attitude conséquente de la part des  lambertistes dans leur politique contre-révolutionnaire. Ils ont soutenu aussi la « Révolution iranienne » de Khomeini et de ses mollahs, et hurlé avec les loups impérialistes pour le retrait des troupes soviétiques d’Afghanistan.

La deuxième formation algérienne qui se réclame faussement du trotskysme est le Parti socialiste des travailleurs (PST), lié au Secrétariat unifié (SU) de feu Ernest Mandel et à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) française. Si les lambertistes se sont plutôt alignés avec les islamistes, ces pseudo-trotskystes d’obédience mandélienne et pabliste ont appelé en faveur d’un « Front ouvrier et populaire » (FOP), formule front populiste « de gauche » par excellence. Aujourd’hui le PST a trouvé sa niche dans la bureaucratie syndicale de l’UGTA. Cyniquement, Soumia Salhi du PST explique pourquoi le dixième congrès de l’UGTA (qu’elle caractérise elle-même comme un « congrès à huis clos des permanents ») l’a nommée à la commission nationale exécutive: « Boudée par le pouvoir qui œuvre délibérément à délégitimer les partenaires [!] sociaux au moment de privatiser, l’UGTA n’hésite pas à s’afficher avec le PST. » En retour, le boulot du PST est de répandre des illusions sur la bureaucratie: « Instinctivement, l’appareil syndical menacé dans son existence par la disparition annoncée du secteur public recherche une voie plus à gauche » (Rouge, 11 septembre 2000).

Le PST se vante d’avoir pu « structurer » le mouvement dans la ville de Béjaïa. Ainsi le 7 mai un rassemblement de masse a eu lieu à l’appel de la « Coordination communauté-société civile », dans laquelle le PST joue un rôle. Alors que 50 000 manifestants traversent la ville en scandant « Pouvoir assassin » et « Pouvoir au poteau, nous ne sommes pas des voyous », cette Coordination n’exige que le départ du wali (préfet) de Béjaïa et du ministre de l’Intérieur. Sa revendication maximum est la démission de tout le gouvernement (un remaniement du cabinet – on prend les mêmes et on recommence!). La solution du PST aux conditions de vie catastrophiques des masses kabyles? C’est de quémander auprès de ce même pouvoir assassin un « Plan Marshall  » (du nom du plan d’aide économique fourni par l’impérialisme US aux bourgeoisies européennes pour « endiguer le communisme » à la fin des années 40).

S’appuyant sur sa base dans le SETE (fédération enseignante de l’UGTA) et dans le CNES, le PST se pose en alternative de « gauche » aux partis bourgeois kabyles, mais seulement pour ramener les masses dans le giron de ces partis. C’est une collaboration de classes de type front-populiste et en cela le PST est fidèle à la conception étapiste de son FOP. D’après un rapport de Kabylie:

« Dans l’absence d’une direction révolutionnaire capable de guider les masses en révolte à la victoire, le PST joue un rôle honteux en collaboration intime avec un groupe dit “zapatiste à l’algérien”. Ce groupe est très connu dans le MCB pour ses positions berbéristes chauvines (...) Hier, le premier mai, ils ont tenu une AG à l’université [de Béjaïa] avec leur fameux comité populaire (coordination des autres comités) dans le cadre d’assurer la continuité de ce mouvement d’une manière pacifique. L’AG a adopté une déclaration et une plate-forme de revendications dont voici les principaux points: l’arrestation immédiate des assassins et leur jugement; le départ des brigades des régions qui le revendiquent (!); la démission du ministre de l’intérieur (comme si la réalisation des aspirations de ce peuple en révolte consiste en la démission d’un insignifiant ministre); pour aboutir notre combat pour la liberté et la démocratie nous devrons occuper les rues avec des marches pacifiques. (...) Dans ce premier mai ni le PST ni les syndicats ni le PT n’a appelé à la mobilisation des ouvriers, ne serait-ce qu’en commémoration folklorique de cette fête des travailleurs. Le PST essayait de chapeauter cette révolte en lui donnant un caractère populaire, en semant des illusions sur la nature du régime. »

La police attaque l'Université de Alger, 28 mai. Les étudiants devront s'approcher 
des secteurs clés de la classe ouvrère pour entamer une lutte commune sous 
direction prolétarienne contre le pouvoir capitaliste. (Photo : Le Matin)

Étudiants et enseignants peuvent jouer un rôle important dans l’extension de la révolte hors du « ghetto » de la Kabylie, notamment à Alger, où il y a eu d’importantes marches dans les derniers jours. Mais des protestes « populaires » qui soulèvent des revendications purement démocratiques (bourgeoises) seront tout au plus un moyen de pression sur le régime. Il faut faire la jonction avec les masses laborieuses arabophones – qui souffrent, eux aussi, du chômage, de la misère, et de la violence meurtrière des forces répressives. Il faut lutter contre les privatisations qui menacent de nouveau les ouvriers d’Alfasid et d’autres entreprises du secteur publique. Des délégations étudiantes pourraient se rendre aux travailleurs de la SNTF, en lutte depuis plus d’un mois contre l’administration et leurs propres chefs syndicaux, aux métallos de Rouiba et aux sidérurgiques de Skikda, pour proposer une lutte commune contre le pouvoir capitaliste. Il faut mettre la force sociale et économique du prolétariat à la tête d’une mobilisation de classe qui défende les Kabyles et toutes les victimes du régime bonapartiste. Pour cela il faut surtout une lutte internationaliste pour un parti ouvrier révolutionnaire. 

Forger de vrais partis trotskystes 
sur les deux côtés de la Méditerranée !

Pour la gauche opportuniste trotskysante en France, dont les horizons sont normalement bornés par l’hexagone, la révolte kabyle est l’occasion de commentaires passifs et réformistes. Lutte Ouvrière (11 mai) commente les émeutes qui « ont peut-être cessé », les comités de village qui « seront peut-être le cadre et les directions de ce mouvement », ou, par contre, qui « deviendront peut-être…des organes où les ‘notables’ chercheront à apaiser et canaliser la contestation ». Faut-il ajouter que « peut-être » est loin d’être un programme communiste ? (LO combine une pratique économiste avec une face chauvine ; elle a exigé l’exclusion chauvine de jeunes filles immigrées portant le foulard islamique dans des établissements scolaires français.) Pour sa part, Rouge (10 mai), hebdomadaire de la LCR, souhaite  « que le mouvement de la Kabylie soit un tremplin pour redynamiser la lutte démocratique et sociale contre le régime des tyrans en Algérie. » Au lieu de présenter un programme pour la révolution socialiste, ces paladins du front populaire veulent faire tomber les tyrans par une mythique « démocratisation » bourgeoise. 

Ces fausseurs du trotskysme servent de rabatteurs pour les politiciens bourgeois berbéristes discrédités, au profit desquels – entre autres – ils organisent  et encadrent des manifestations « pour la démocratie » dans les rues de Paris. Dans le même temps, ils remplissent leur habituel sordide rôle de couverture de gauche de leur propre impérialisme ; à la traîne du FFS, ils demandent  à leurs amis du PS, qui aujourd’hui gère au gouvernement les affaires de l’impérialisme français, d’œuvrer pour une « Commission d’enquête internationale » sur l’Algérie. Demander à la social-démocratie (qui, en 1956, est responsable pour le déclenchement à grande échelle de la sanglante guerre coloniale en Algérie) d’« enquêter » dans ce pays, comme le fait la LCR, c’est une honteuse tentative de redorer le blason, plus que décrépit, des colonialistes d’hier et gérants impérialistes d’aujourd’hui. C’est inviter l’impérialisme couvert du sang des Algériens à continuer à intervenir, piller et étrangler « démocratiquement » ce pays ! 

Les mêmes pseudo-communistes sont des enthousiastes du mouvement « antimondialisation ». Ce mélange nationaliste et même chauvin, qui intègre des fermiers capitalistes du type José Bové (Vive le roquefort !) et des idéologues « progressistes » défenseurs de l’impérialisme français contre l’impérialisme américain (tels que Ignacio Ramonet et l’équipe du Monde diplomatique qui dirige ATTAC), est présenté comme étant « anticapitaliste ». Un trait commun du réformisme est d’adorer la conscience actuelle (arriérée) des travailleurs. L’état de conscience des jeunes rebelles kabyles en ce moment est résumé dans le cri lancé par les manifestants « Donnez-nous du travail, des logements, de l’espoir et il y aura le calme ». Ces sentiments d’impuissance et de désespoir font d’eux une proie facile pour les nationalistes bourgeois, qui s’agenouillent pour mendier des miettes au sein du pouvoir central arabisant et auprès des impérialistes. 

Une claque qui ne fait qu’applaudir à la rébellion kabyle, on n’en a pas besoin. Ce qu’il faut faire avant tout, c’est forger une direction révolutionnaire qui dit la vérité aux masses travailleuses et aux jeunes en lutte contre le pouvoir. En 1992 un groupe de cadres du PST avait formé la Tendance plate-forme trotskyste (TPT) pour lutter contre les capitulations front-populistes de ce parti. La TPT écrivait : 

« Les textes de Trotsky, sur la question du front unique, développent une conception qui n’a rien à voir avec ce que le PST appelle “Front Ouvrier et Populaire”. Car tel que l’on le voit sur le terrain (les fronts démocratiques larges, les comités d’action pour la défense des libertés démocratiques, le programme des élections, les candidats présentés, la propagande pour les élections...), il s’agit là d’un bloc permanent de propagande pour les élections et la chère “démocratie” qui ouvre la voie à tous les compromis avec les autres partenaires de bloc. Et même si l’on insiste que ce “FOP” n’inclut pas les organisations bourgeoises libérales, sa logique est toujours de trouver pour se mettre d’accord, le plus petit dénominateur commun, de noyer le programme révolutionnaire dans un magma réformiste qui n’a rien à voir avec la lutte pour l’indépendance de classe et la révolution prolétarienne et qui, au contraire, met finalement la classe ouvrière à la remorque de la bourgeoisie. »
Travailleuses algériennes. La Tendance plate-forme trotskyste soulignait que « Le développement historique de l'organisation communiste va de pair avec un programme de travail parmi les femmes ... pour libérer le formidable potentiel révolutionnnaire de la question femme ; pour cela il faut une direction lutte de classe. » (Photo : Le Lien)

Exclue par la direction du PST de Salhi Chawki, disloquée par la répression, la TPT n’a pas été en mesure de jeter les bases pour construire un noyau trotskyste en Algérie. Plusieurs militants de la TPT ont rejoint pendant un temps la Ligue communiste internationale (LCI), qui prônait la perspective « iskriste » de publier un organe en exil destiné à l’Afrique du Nord et aux centaines de milliers d’émigrés en Europe principalement, afin de former une direction pour de futurs partis révolutionnaires au Maghreb. Même si en 1998 la LCI se réclamait publiquement, de façon hypocrite, de la lutte de la TPT, elle a subitement remis en cause la perspective « iskriste », déclarant qu’elle avait décidé de « fermer » le travail au Maghreb. C’était un pas supplémentaire dans la dégénérescence centriste de cette organisation qui représentait jadis la continuité programmatique du trotskysme face aux capitulards pseudo-trotskystes qui ont substitué le suivisme à la lutte pour une direction communiste. 

Après 1995 la LCI a tiré des conclusions défaitistes de la destruction de l’URSS et des États ouvriers bureaucratiquement déformés d’Europe de l’Est. Selon les thèses révisionnistes de sa « Déclaration de principes et quelques éléments de programme », il y aurait  une « profonde régression actuelle de la conscience prolétarienne » (voir Spartacist [édition française] No. 32, printemps 1998). Ainsi, la conclusion centrale du « Programme de transition » (le document de fondation de la Quatrième Internationale), comme quoi « la situation politique mondiale dans son ensemble se caractérise avant tout par la crise historique de la direction du prolétariat », serait dépassée. Pour la LCI, ce n’est plus la crise de la direction révolutionnaire qu’il faut surmonter mais plutôt le « grand bond en arrière » de la conscience des masses ouvrières qui serait la cause et l’effet de la contre-révolution dans le bloc soviétique. Faire porter la responsabilité des défaites sur les travailleurs et non sur leurs directions traîtres est la marque de tous ceux qui ont perdu confiance dans la capacité révolutionnaire du prolétariat.

Les conclusions défaitistes de la LCI ne se limitent pas à l’Union Soviétique. La contrepartie dans les pays à prédominance musulmane est l’affirmation, dans la même Déclaration, que « la “Révolution iranienne” de 1979 a ouvert une période d’ascendance politique de l’islam dans le monde historiquement musulman (...) ». Elle a même organisé une commission « islamique » lors de sa IIIe Conférence internationale. En réalité, cette thèse d’une ascendance islamique est une version « de gauche » de la doctrine du politologue américain Samuel Huntington. Dans son livre, Le choc des civilisations, Huntington soutient la thèse qu’après la fin de la Guerre froide « le choc des super-puissances a été remplacé par le choc des civilisations ». Pour la LCI, dans l’ère post-soviétique la lutte des classes dans le monde musulman est submergée par des luttes religieuses. Même si elle n’adopte pas les conclusions de Huntington, l’un des chefs du « complexe militaro-académique » aux USA et l’architecte de la politique de « modernisation accélérée » par des bombardements au Vietnam, la thèse de la LCI reflète l’optique des idéologues impérialistes.

C’est là un des aspects clés du virage centriste de la LCI ces dernières années. Curieusement, dans le cas algérien, elle a écrit, en 1998, un article imprégné du sentiment que tout était perdu et que la victoire des islamistes était proche (« Terreur militaire, réaction islamique, austérité du FMI : La guerre civile saigne l’Algérie », Le Bolchévik, printemps 1998), précisément au moment où les groupes islamistes armés étaient endigués par l’armée et l’un d’eux, l’AIS s’est même dissous. C’est que, convaincus de l’« ascendance politique de l’islam », ces ex-trotskystes à la dérive suivaient les analyses de spécialistes américains qui voyaient dans l’Algérie « le prochain État islamiste ». Il faut dire que la perspective défaitiste de la LCI ne préparait en rien les militants algériens pour intervenir dans des luttes (comme l’actuelle révolte en Kabylie) qui posent d’une manière urgente la nécessité d’une direction révolutionnaire. Il n’est pas étonnant qu’elle ait abandonné la perspective « iskriste » et que, pour se justifier, elle ait rejeté en bloc le « milieu démoralisé de l’émigration » algérienne (voir la brochure de la LQI, Reforgeons la Quatrième Internationale. Documents de la Fraction Révolution Permanente). 

Au-delà de ces analyses, la LCI a enterré le programme de la révolution permanente dans la mesure où elle a abandonné dans les faits la lutte pour forger des partis bolcheviques dans différents pays semi-coloniaux. Ainsi la LCI avait rompu ses relations fraternelles avec la Liga Quarta-Internacionalista do Brasil (LQB, aujourd’hui section brésilienne de la Ligue pour la Quatrième Internationale) à un moment crucial de la lutte pour expulser la police du syndicat des employés municipaux de Volta Redonda. D’ex-membres de la TPT militant dans la section française de la LCI et qui s’opposaient à l’abandon de la perspective « iskriste » par la direction de la LCI et à son cours abstentionniste et liquidationniste ont formé la Fraction révolution permanente (FRP), avant d’être exclus un mois plus tard. Dans une provocation délibérée qui relève du chauvinisme, la LCI a titré : « La FRP a trouvé sa terre d’asile : la France » (Le Bolchévik, printemps 1998).
Comme l’écrivait la FRP dans sa déclaration du 3 février 1998 sur son exclusion de la LCI :

« Malgré les cris triomphalistes de la bourgeoisie mondiale sur la soi-disant “mort du communisme”, ce qui est mort c’est le stalinisme, cette négation et perversion nationaliste du communisme qui est international par essence. Le communisme vit toujours, il vit dans la lutte des classes ininterrompue de la classe ouvrière et des opprimés. Il vit dans le programme de Lénine, Trotsky et Cannon [fondateur du trotskysme nord-américain] que la tendance spartaciste a défendu et qu’elle a commencé à abandonner et à renier. Il vit dans les luttes et le programme portés par l’IG [Internationalist Group], la LQB et la FRP et dans la fusion de nos organisations qui posera les jalons du parti trotskyste mondial de la révolution socialiste. En avant pour reforger la Quatrième Internationale ! »
L’actuel soulèvement en Kabylie est très souvent comparé aux émeutes d’octobre 1988. Effectivement, ces événements ont beaucoup en commun : une révolte des jeunes centrée plus sur des questions sociales que sur les revendications berbéristes, une répression féroce (plus de 600 morts en 88), mais surtout l’absence du prolétariat comme force indépendante, qui pourrait transformer cette explosion de colère dans une lutte de classe. Dans les deux cas, les éléments pour une telle transformation ne manquent pas. La clé, c’est la direction révolutionnaire. La classe ouvrière algérienne doit rentrer dans la lutte sous son propre drapeau et, entraînant les femmes, la masse des jeunes chômeurs, les paysans et travailleurs agricoles, renverser le régime et en finir avec la menace de la réaction islamique - par la voie de la révolution ouvrière. Pour y arriver, la tâche urgente est de construire des partis d’avant-garde bolcheviques-léninistes des deux côtés de la Méditerranée, dans la lutte pour reforger une Quatrième Internationale authentiquement trotskyste.n
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