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Janvier 2002 


Le juge fédéral confirme la condamnation truquée et ordonne une nouvelle audience pour statuer sur la sentence de mort

Le combat pour libérer Jamal
devient plus urgent

Mobilisons la puissance de la classe ouvrière 
pour la libération de Mumia !

Il y a vingt ans, la police de Philadelphie a tiré sur Mumia Abu-Jamal, manquant de peu de le tuer. Il a ensuite été victime d'une machination judiciaire l'accusant d'avoir tué un flic et l'envoyant dans les couloirs de la mort de l'Etat de Pennsylvanie. Depuis lors, son cas symbolise le caractère raciste de la « justice » capitaliste américaine. L'ancien Black Panther et journaliste engagé a été voué à la mort à la fois par un brutal pouvoir local qui, pendant des dizaines d'années, a dirigé Philadelphie comme un Etat policier et par le programme de répression et de provocation du FBI (COINTELPRO) qui a assassiné des dizaines de militants radicaux noirs, de Malcolm X à Fred Hampton. Si, jusqu'à ce jour, la machine à tuer de l'Etat n'a pas pu accomplir l'exécution de Mumia, c'est par crainte des conséquences qu'aurait eues son exécution; le soutien à sa cause a en effet constamment grandi et gagné le monde entier. Aujourd'hui, il est, et de loin, le plus connu des condamnés à mort aux Etats-Unis et il est devenu, au niveau international, le centre de la lutte contre la peine de mort raciste et barbare. 

Le 18 décembre dernier, pour la première fois – après des années d'appels en justice et de mobilisations dans la rue – un juge fédéral a déclaré que la condamnation à mort de Jamal était le produit d'une erreur de procédure judiciaire. Le juge William Yohn a pris la décision que de fausses instructions avaient été communiquées au jury, en l'occurrence que ce dernier était obligé de rendre une sentence de mort au cas où il n'y aurait pas unanimité à attribuer des circonstances atténuantes. Le jugement donne instruction aux tribunaux de tenir une nouvelle audience pour statuer sur la condamnation dans les 180 jours, sinon elle sera automatiquement commuée en une peine d'emprisonnement à vie. Les titres des journaux annoncèrent que le jugement condamnant à mort Mumia avait été annulé. La police et les procureurs de Philadelphie étaient en rage. Cependant, cette décision étroite accepte seulement le point le plus restreint soulevé dans l'appel de Jamal, celui qui pourrait facilement tomber en appel. Le juge a repoussé d'un revers de la main les autres 28 questions soulevées dans l'appel, dont 20 concernant des violations des droits constitutionnels de Jamal, de même qu'il a approuvé la machination judiciaire qui a conduit à sa condamnation et refusé d'entendre les nouvelles importantes preuves de son innocence

Assaut policier contre un rassemblement pour Mumia Abu-Jamal à Philadelphia, le 8 Décembre 2001; un flic brandissant un pistolet tient un manifestant par terre. (Photo: Revolutionary Lynn, Indymedia)

Depuis leurs débuts, l'Internationalist Group (IG) et la Ligue pour la Quatrième Internationale (LQI) ont fait campagne pour libérer Mumia et pour abolir la peine de mort raciste. Nous avons à maintes reprises averti contre toute illusion dans les tribunaux capitalistes et, au contraire, appelé à mobiliser la puissance de la classe ouvrière contre le système d'injustice raciste. L'IG et la LQI ont pris l'initiative de lancer des actions ouvrières revendiquant la libération de Mumia : en avril 1999, nos camarades brésiliens ont organisé des débrayages d'enseignants dans l'Etat fédéral de Rio de Janeiro exigeant sa libération ; plus tard dans la même année, les employés de banque et la fédération ouvrière CUT de l'Etat de Rio ont fait de la libération de Mumia une revendication officielle de leurs grèves. Aujourd'hui nous avertissons: ce jugement ne lève pas la menace d'une exécution de Mumia. Il doit stimuler les efforts pour mobiliser la classe ouvrière et les opprimés afin d'arracher ce combattant courageux contre l'injustice aux griffes de l'Etat capitaliste qui cherche à faire taire pour toujours cette puissante « voix des sans-voix ».

Le jugement cherche à couper l'herbe sous le pied au soutien libéral à Mumia

Si la décision du juge Yohn est maintenue, au mieux Jamal sera condamné à la mort lente de l'emprisonnement à « vie » derrière les barreaux. En même temps, sa condamnation à mort peut être rétablie sur appel, et le procureur de Philadelphie Lynn Abraham, une partisane enragée de la peine de mort et une ennemie jurée de Jamal, a déclaré qu'elle fera appel du jugement. Une autre possibilité inquiétante est qu'une nouvelle audience statuant sur sa condamnation pourrait décider de nouveau son exécution. De plus, le juge fédéral a refusé d'entendre tous les témoignages, y compris celui de Mumia lui-même; il a donné instruction aux tribunaux de ne prendre aucune déposition d'un nouveau témoin, Arnold Beverly. Ce dernier a avoué avoir abattu (avec un autre tueur à gages) le policier Daniel Faulkner – un attentat commandité par la Mafia – et que Mumia n'avait rien à voir là-dedans. Yohn a refusé aussi de tenir une audience pour examiner les nouvelles preuves à faveur de Jamal. Avec la loi fédérale de 1996 qui a été conçue pour accélérer les exécutions, c'était le dernier point de la procédure judiciaire où les preuves de l'innocence de Jamal auraient pu être produites. 

Le jugement de Yohn est entièrement politique ; il vise ces secteurs de la classe dirigeante qui sont mal à l'aise avec la peine de mort, mais qui soutiennent le système judiciaire capitaliste et qui n'ont pas le moindre désir de défendre un révolutionnaire noir accusé d'avoir tué un flic. En tant que porte-parole de l'arrogante bourgeoisie locale, un éditorial du Philadelphia Inquirer (19 décembre), intitulé « Ne libérez jamais Mumia », dit de Yohn : « Bien joué, M. le juge. » D'un trait de crayon, Yohn aurait « rayé Mumia Abu-Jamal, ce meurtrier de flic, comme sympathique symbole pour l'opposition croissante à la peine de mort », ce qui doit « mettre fin à sa présence gênante en tant que cri de ralliement international contre le système imparfait de la peine de mort aux Etats-Unis ». En même temps, l'Inquirer se réjouit : Jamal reste « enfermé à clef pour le reste de sa vie dans un cachot avec une vue du soleil à travers des barreaux de fer ». 

La décision de Yohn a été aussi calculée en vue de miner le soutien des libéraux qui répugnent à proclamer l'innocence de Mumia, car cela reviendrait à accuser le système dans son entier. A la place, ils demandent seulement un nouveau procès pour tirer au clair cette flagrante « parodie de justice » (comme l'appelle un rapport d'Amnesty International de février 2000) qu'est le procès truqué de 1982. L'éditorial de l'Inquirer écrit: « S'attendre à ce que le noyau dur de la troupe qui veut libérer Mumia disparaisse, c'est trop demander, bien sûr. Mais il y a l'espoir que la frange la moins radicale commence à voir Abu-Jamal pour ce qu'il est : un tueur de flic qui détourne des vraies questions et inquiétudes qui entourent la peine de mort ». Selon ce raisonnement, « la troupe en faveur d'un 'nouveau procès' » pourrait être rassurée par l'idée qu'au moins Mumia bénéficierait d'une nouvelle audience sur sa condamnation et qu'il ne serait peut-être pas exécuté. 

La troupe en faveur d'un « nouveau procès » inclut les anciens avocats de Jamal, Leonard Weinglass et Dan Williams, qui ont saboté sa défense en refusant de présenter les preuves qu'ils possédaient de son innocence et qui ont aidé l'accusation de façon criminelle en qualifiant d'incroyable l'aveu de Beverly. Dans son commentaire du jugement prononcé par Yohn, le Philadelphia Inquirer du 21 décembre 2001 écrit: « Cette victoire partielle est probablement la meilleure chose que la défense puisse attendre, d'après les spécialistes de la jurisprudence criminelle et constitutionnelle. 'Il est hautement invraisemblable que Abu-Jamal ait un nouveau procès', dit Daniel L. Williams, un ancien avocat d'Abu-Jamal. » L'année dernière, Williams a publié, sous le titre Executing Justice, de mensongères  « révélations internes » pour porter atteinte à la défense de Jamal. Il cherche à se forger une réputation d'avocat spécialiste de la peine de mort « responsable » et « crédible », en pavant la voie à l'exécution de Mumia . 

Beaucoup des groupes de gauche qui se sont engagés pour Mumia (par exemple le Workers World Party, l'International Socialist Organization, Socialist Action, etc.) ont aussi formulé leurs protestations dans un langage conçu pour plaire aux libéraux, axé sur la revendication d'un nouveau procès. Ce faisant, ils ont aidé à renforcer les illusions dans les tribunaux racistes, ce qui se retournera contre Mumia dès que son soutien libéral « disparaîtra ». 

Un groupe qui a dénoncé le programme des libéraux et des réformistes en faveur d'un « nouveau procès » est la Spartacist League (SL). Le Partisan Defense Committee (PDC), qui est associé à la SL, a joué un rôle important dans la popularisation du cas de Mumia et dans sa défense judiciaire, jusqu'à ce que l'avocate du PDC Rachel Wolkenstein ait été obligée de démissionner de l'équipe de défense au milieu de 1999 à cause du refus de Weinglass et Williams de présenter la preuve de l'innocence de Jamal dans son pourvoi fédéral. Néanmoins, dans sa déclaration du 18 décembre titrant : « Condamnation à mort de Jamal annulée », le PDC écrit que le procureur de Philadelphie et l'association de policiers, le Fraternal Order of Police (FOP), « craignent que la nouvelle preuve explosive de l'innocence de Jamal […] puisse enfin être entendue devant un tribunal ». Bien qu'il jure de façon rituelle qu'il n'a aucune confiance dans les tribunaux capitalistes, il a failli à mettre en garde contre les illusions dans un nouveau procès, ou simplement une nouvelle audience, ce que le jugement de Yohn a soigneusement encouragé. 

Certes, il faut utiliser chaque brèche qui se fait dans le mur de refus judiciaire, auparavant si solide, pour mener une défense vigoureuse de Mumia devant les tribunaux. Sa nouvelle équipe d'avocats, composée de Marlene Kamish, Elliott Grossmann, Nicholas Brown et Michael Farrell a fait appel du jugement de Yohn devant un tribunal fédéral et, dans le même temps, cherche à obtenir une nouvelle audience de « Post-Conviction Relief Appeal » devant les tribunaux de Pennsylvanie. Le bureau du procureur de Philadelphie s'inquiète de ce qu'une audience (qui implique la sélection d'un jury et l'audition de la preuve), même si cela ne concerne que les termes de la condamnation, puisse être explosive. L'accusation argumentera en faveur de l'exécution de Jamal, dont le cas est mondialement connu, alors que le véritable meurtrier a fait un aveu circonstancié. Elle craint aussi que, si l'aiguille du bourreau ne fait pas taire Mumia, ses écrits puissants continueront d'inspirer avec passion ses lecteurs pour lutter contre l'oppression. Mais cela rend ses persécuteurs plus dangereux encore. Ils savent que c'est leur loi, leur Etat , et ils s'en serviront pour leurs intérêts de classe

Il faut mettre en garde contre les illusions dangereuses dans le système judiciaire capitaliste. Il faut souligner que la soi-disant « victoire partielle » du jugement de Yohn est une attaque frontale contre la lutte pour la libération de Mumia. Il est innocent des accusations fourbies par cette machination judiciaire, et il est dans le couloir de la mort uniquement à cause de ses convictions révolutionnaires et de sa défense vibrante des opprimés et des persécutés. Nous devons expliquer que les assassins qui ont le pouvoir d'Etat ne s'arrêteront devant rien, à moins d'être arrêtés par une puissance plus grande qui menace leurs intérêts de classe fondamentaux. Et il faut organiser cette puissance, la puissance de la classe ouvrière multiraciale et internationale, pour stopper net la machine de mort de l'Etat capitaliste. 

Il n'y a pas de justice pour les opprimés devant les tribunaux capitalistes !

Dans chaque cas de défense politique important depuis un siècle, il y a eu une divergence fondamentale entre les révolutionnaires et les libéraux. Les premiers défendent les victimes de l'injustice en luttant contre l'Etat capitaliste qui les répriment. Les seconds veulent « respecter les règles du jeu » en suivant une « stratégie » de défense légaliste qui est vouée à l'échec parce qu'elle ne confronte pas le véritable ennemi. Dans le cas des ouvriers anarchistes Sacco et Vanzetti, exécutés en 1927 à l'apogée de l'hystérie « anti-rouge » de l'après-guerre, il y avait deux comités de défense. L'un était dirigé par l'International Labor Defense (ILD – section américaine du Secours rouge international), lié au Parti communiste et présidé par James P. Cannon, qui sera plus tard le fondateur du trotskysme américain. L'autre était organisé par l'AFL, la confédération syndicale réformiste, qui accusait l'ILD et le PC de vouloir la mort de Sacco et Vanzetti parce qu'ils continuaient de faire des manifestations de rue. Dans le cas des « Scottsboro Boys », dans les années 30, les libéraux de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) ont violemment dénoncé la défense conduite par le Parti communiste, qui appela à des manifestations partout dans le monde en faveur des ces neuf jeunes Noirs de l'Alabama. Victimes d'une machination, ils avaient été condamnés à mort, accusés d'avoir violé deux femmes blanches au début des années 30. 

Dans certains cas, cette opposition de classe a atteint le niveau d'une guerre ouverte. L'ACLU (American Civil Liberties Union) prétend être un des plus grands défenseurs de la liberté d'expression. Elle défend même des terroristes fascistes comme les lyncheurs du KKK et les nazis sur la base de cet argument bidon. Mais, au début de la Deuxième Guerre mondiale, elle a expulsé de son comité directeur un de ses fondateurs, Elizabeth Gurley Flynn, pour être membre du Parti communiste. Elle a aussi refusé de défendre Julius et Ethel Rosenberg parce qu'ils étaient accusés de trahison (d'espionnage au service de l'Union soviétique). Des dizaines d'années après, les libéraux invectivent encore les Rosenberg ; nous, nous les considérons comme des héros et nous honorons leur mémoire. Dans le cas de Mumia Abu-Jamal, Amnesty International a refusé pendant plusieurs années de le défendre en argumentant que quelqu'un qui est accusé d'avoir tué un flic ne pouvait pas être un « prisonnier de conscience ». 

Les cas de Sacco et Vanzetti, de Scottsboro et des Rosenberg ont recueilli un large soutien international parce qu'ils ont symbolisé les fléaux de l'impérialisme US « démocratique » : l'hystérie « anti-rouge » anti-immigrée, la loi du lynchage dans le Sud ségrégationniste, le maccarthysme. Parce qu'elles intersectaient les intérêts vitaux de la classe dirigeante américaine, ces luttes ne pouvaient être menées de façon véritable que sur la base d'une politique révolutionnaire. C'est la même chose dans le cas de Mumia Abu-Jamal. Sa persécution est la continuation de la guerre menée par le gouvernement US contre les Black Panthers, guerre dans laquelle 38 d'entre eux furent tués. C'est le résultat direct de la persécution menée contre les militants de gauche noirs et radicaux au travers du programme COINTELPRO. Aujourd'hui, dans le contexte de la « guerre contre le terrorisme » de Washington, l'administration Bush a proclamé « le retour de COINTELPRO » (comme si ce programme avait été vraiment abandonné !). En plus des procès secrets intentés aux immigrés, de l'abolition du droit d'appel pour les condamnés à mort et des autres changements introduits par les démocrates de Clinton, il y a maintenant des tribunaux militaires sans appel et sans droits pour les accusés, les écoutes téléphoniques sans mandat, les assassinats autorisés par le gouvernement, une campagne pour introduire une carte d'identité nationale et une multitude de nouvelles mesures policières. Les dirigeants US se préparent à la guerre, à l'intérieur aussi bien qu'à l'extérieur, et, pour eux, Mumia symbolise « l'ennemi intérieur ». 

Mais en dépit des démonstrations fanfaronnes de ses prouesses technologiques, le capitalisme US n'est pas la machine de guerre toute puissante qu'il prétend être. Les bouchers impérialistes peuvent être battus, par une puissante lutte de classe des ouvriers et des opprimés du monde. Wall Street est ébranlé par l'éclatement de la « bulle » de la « nouvelle économie ». Un trust géant comme Enron tombe subitement en banqueroute, réduisant à néant l'épargne de toute une vie de milliers de ses employés. Des millions de travailleurs argentins sont réduits à fréquenter les soupes populaires pour survivre, à cause de la politique du FMI et du gouvernement argentin, « allié hors OTAN » des USA. Et bien que les « avions furtifs » du Pentagone aient démontré qu'ils arrivent à atteindre les larges versants des montagnes afghanes, les USA. pourraient bientôt voir une guerre se déclencher entre ses « alliés » indiens et pakistanais, et chacun de ces Etats a des armes nucléaires. En dépit de l'énorme popularité de Bush Junior dans les sondages, la ferveur patriotique est superficielle. La classe ouvrière s'inquiète du chômage qui s'étend dramatiquement, pendant que la bourse remonte en flèche, anticipant une forte augmentation des profits du fait même des licenciements et de la baisse des salaires. La lutte pour libérer Mumia doit faire partie d'une lutte révolutionnaire contre tout le fragile édifice du capitalisme US. 

Enseignants brésiliens pendant l'arret du travail dans l'Etat de Rio revendiquant la libération de Mumia Abu-Jamal, le 23 Avril 1999.

L'Internationalist Group et la Ligue pour la Quatrième Internationale renouvellent l'appel que nous avons lancé en 1999 en faveur d'une mobilisation internationale de la puissance ouvrière pour libérer Mumia Abu-Jamal. Les travailleurs brésiliens peuvent se battre contre leur propre oppression en débrayant de nouveau pour Jamal, à une échelle encore plus large, et étendre la lutte à Buenos Aires, où des dizaines de milliers d'ouvriers argentins s'étaient mobilisés pour Sacco et Vanzetti dans les années 20. En se mobilisant pour Mumia, les ouvriers et étudiants en lutte contre la politique de famine conduite par le gouvernement péroniste déflationniste et le FMI peuvent asséner un coup aux sangsues impérialistes. Depuis des années, les syndicats sud-africains, qui grognent sous le capitalisme de « libre marché » mis en œuvre par l'ANC de Mandela et de son successeur Mbeki, appellent à la libération de Mumia ; il est maintenant temps de donner du « muscle industriel » à ces appels. Les ouvriers italiens qui combattent un gouvernement réactionnaire, comportant des ministres fascistes, doivent soulever le combat pour la libération de Mumia lors de leurs mobilisations contre la guerre en l'Afghanistan. Les mineurs de charbon ukrainiens, les militants de gauche indiens, les ouvriers et jeunes qui s'affrontent aux bellicistes sociaux-démocrates européens doivent associer la lutte pour sa libération et pour l'abolition de la peine de mort barbare à leurs luttes contre la répression intérieure et la guerre impérialiste. 

Le combat au cœur des Etats-Unis pour mobiliser la classe ouvrière, dans une alliance de lutte avec les minorités opprimées pour revendiquer la libération du premier prisonnier de la guerre de classe, est clef. Les dockers des Côtes Est et Ouest font face à une attaque combinée du gouvernement et du patronat, menée au nom de la « sécurité », qui menace des piliers de la puissance syndicale tels que le monopole syndical sur l'embauche. L'énergie mise à défendre les dockers de Charleston South Carolina doit maintenant être mobilisée pour la cause de Mumia. Il est vital que le combat pour sa libération soit étendu à la population noire et latino des ghettos américains, où les tentatives se sont soldées jusqu'à présent par de faibles résultats. Comme le soulignent les événements récents, ce qu'il faut, ce n'est pas faire pression sur les libéraux pour qu'eux-mêmes fassent pression sur le gouvernement – mais une lutte de classe frontale contre le système capitaliste qui a lancé une guerre contre les immigrés, les Noirs, les travailleurs et les opprimés du monde entier. Nous luttons pour que les ouvriers et les opprimés rompent avec les partis de la mort, les démocrates et républicains, et pour que soit construit un parti ouvrier révolutionnaire, partie intégrante de la lutte pour reforger la Quatrième Internationale. 

La lutte contre la peine de mort raciste doit faire partie d'une lutte plus large contre la société qui l'a produite. Dans un article sur la peine de mort publié dans le New York Daily Tribune du 17 février 1853, Karl Marx a posé de façon rhétorique la question : « Quel est donc ce type de société qui ne connaît aucun autre instrument pour sa propre défense que le bourreau ? » Les bolcheviks de Lénine ont lutté contre la peine de mort, qui était utilisée par les autocrates tsaristes pour terroriser la population russe en temps de guerre comme en temps de paix. Aujourd'hui, beaucoup dans les manifestations pour Mumia scandent : « Pas de justice, pas de paix ». C'est un appel à l'Etat capitaliste pour qu'il rende justice aux opprimés – quelque chose d'impossible. Parce que le bourreau le plus sanglant de tous les gouverneurs US – le serial killer George Bush, qui à lui seul a envoyé 152 prisonniers à la mort – occupe la Maison Blanche, les bourgeoisies européennes montrent du doigt Washington pour appliquer la peine de mort. Mais pour les dirigeants américains, le meurtre légalisé par l'Etat est un composant important de leur arsenal pour la guerre qu'ils mènent sur le front intérieur – où le gouffre entres riche et pauvres s'élargit sans cesse – pendant qu'ils cherchent à s'imposer comme les maîtres du monde. 

En mobilisant pour libérer Mumia, nous insistons que ce cas n'est pas une anomalie mais le fonctionnement normal d'un système qui recourt régulièrement à l'injustice contre les minorités raciales, les immigrés, les militants de gauche et toute autre personne jugée comme une menace par la classe dirigeante protégé par ce système. La peine de mort raciste aux Etats-Unis est enracinée dans l'histoire de l'esclavage, la loi du lynchage du KKK et la ségrégation raciste à la Jim Crow; aujourd'hui, elle marche de concert avec les « profils raciaux » et les exécutions policières dans la rue. Marx et Lénine ont souligné que la loi reflète les conditions économiques réelles de la société : aussi longtemps que nous vivons dans une société divisée en classes, dans laquelle la classe dirigeante organise l'Etat pour défendre ses intérêts et sa survie, la « justice » sera forcément une justice de classe. Ce qu'il faut, en plein milieu de la guerre impérialiste actuelle, c'est de faire une guerre de classe pour imposer la justice prolétarienne, balayer les bourreaux et la machinerie du meurtre d'Etat par la révolution socialiste internationale. C'est la voie vers la libération de Mumia Abu-Jamal et le renvoi de la peine de mort barbare et raciste dans les poubelles de l'histoire ! 

9 Janvier 2002


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