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août 2008 

A New York une manifestation pour protester contre la persécution des travailleurs haïtiens en République dominicaine

« Travailleurs Haïtiens et Dominicains
unissez-vous! »



Des manifestants devant le consulat de la République Dominicaine à New York le 7 août qui revendi-
quent les pleins droits pour le million d’Haïtiens résidant en R.D.
(Photo: The Internationalist)

Par Clara Barnes

L’article ci-dessous a été traduit de Revolution n° 5 (septembre 2008), publié par les Internationalist Clubs à l’Université de la Ville de New York (CUNY).

7 AOUT – « Gouvernement dominicain, ne touchez pas aux travailleurs haïtiens », « Arrêtez les déportations racistes » et « La lucha obrera no tiene frontera! » (La lutte des travailleurs n’a pas de frontières). Voici quelques-uns des slogans entendus lors d’une manifestation d’urgence devant le Consulat dominicain dans la ville de New York pour dénoncer les atrocités infligées à des travailleurs haïtiens qui résident en République Dominicaine. Plus de 75 personnes ont assisté à cet événement important, un front uni avec des Haïtiens et des Dominicains qui protestaient les uns à côté des autres, en brandissant des pancartes et en distribuant des tracts aux passants dans un Times Square achalandé.

Cet événement s’est produit juste une semaine avant l’inauguration du troisième mandat au pouvoir du président dominicain Leonel Fernández. Les appels xénophobes (contre les étrangers) de hauts fonctionnaires du gouvernement ont suscité la crainte que l’expulsion massive de travailleurs haïtiens serait en première place sur l’agenda du président. Les expulsions de masse ne sont rien de nouveau pour le million ou presque de travailleurs immigrés qui vivent dans des conditions horribles sans accès à l’éducation ou à des soins de santé. Une vague de déportations massives a eu lieu en 2005-06 où des dizaines de milliers de travailleurs haïtiens et leurs familles ont été raflés dans des ratissages au hasard et jetées à la frontière que Haïti partage avec la République dominicaine (RD).

Les fonctionnaires dominicains attisent le racisme en faisant des immigrants haïtiens les boucs émissaires pour la pauvreté que subissent les travailleurs dominicains, tout comme les immigrés aux États-Unis sont accusés de « s’emparer des emplois américains ». Cette hystérie politique est passée des mots à l’action et a galvanisé des foules violentes de lyncheurs en 2005, qui ont brûlé des centaines de baraques et ont tué des dizaines de Haïtiens, dont plusieurs jeunes près de Saint-Domingue qui ont été roués de coups, aspergés avec un liquide inflammable et brûlés vifs. Plus récemment, à la fin du mois de juin, le directeur de l’immigration en République Dominicaine, Carlos Amarante Baret, a déclaré que la présence d’immigrants haïtiens était « insupportable ». Ceci prépare le terrain pour davantage d’assassinats et de déportations des travailleurs haïtiens surexploités.

Ce que les fonctionnaires dominicains ne disent pas aux travailleurs dominicains, tout comme les responsables américains ne diraient pas ici quant aux travailleurs immigrés mexicains, c’est que la main-d’œuvre haïtienne est indispensable pour l’économie dominicaine. Dans plusieurs industries, en particulier la canne à sucre et la construction, la force de travail est en grande majorité haïtienne. Les autorités haïtiennes et dominicaines sont toutes les deux complices de la traite des êtres humains sur la frontière qui approvisionne la R.D. avec des travailleurs à bon marché. Historiquement, les capitalistes et le gouvernement dominicains ont fait d’énormes profits sur le dos de ces travailleurs haïtiens. En outre, ils gagnent des centaines de millions de dollars par an comme profit du lucratif commerce des marchandises avec Haïti.

La mort et la menace des déportations ne sont pas les seules réalités d’oppression qui affligent les travailleurs haïtiens; ils sont également privés des droits fondamentaux tels que l’éducation et les soins de santé. Dans le cadre de la loi dominicaine sur l’immigration de 2004, les enfants nés dans le pays sont privés de la citoyenneté et se voient refuser le droit de fréquenter l’école si les parents ne possèdent pas des documents constatant la résidence légale. L’absence de « papiers » est un outil stratégique utilisé à la fois par le gouvernement des États-Unis et en République Dominicaine pour maintenir la surexploitation et l’utilisation de la population immigrée en tant que boucs émissaires. Refuser les droits légaux aux immigrés sans papiers les rend doublement vulnérables à l’exploitation que subissent tous les travailleurs sous le capitalisme. Les travailleurs haïtiens peinent dans les champs de canne à sucre, où ils exécutent le travail éreintant avec les outils les plus primitifs datant de l’époque coloniale avant que la machinerie moderne pour les récoltes soit inventée.

Loin de « voler » des emplois dominicains, les travailleurs haïtiens fuient la pauvreté désespérée de l’autre côté de la frontière uniquement pour gagner moins de 2 dollars par jour et vivre dans des cabanes avec des planchers crottés et sans plomberie intérieure en RD. Les médias prétendent que la pauvreté en Haïti est la faute des masses haïtiennes (prétendant que les paysans coupent trop d’arbres). Mais, comme la récente crise alimentaire a démontré, ceci est dû au fonctionnement du capitalisme mondial et dans de nombreux cas c’est le résultat direct des politiques américaines. Haïti exportait autrefois du riz, mais avec l’élimination de la protection tarifaire au nom du « libre-échange », l’industrie du riz haïtien a été détruite par le riz à bon marché (et fortement subventionné) importé en provenance de la Louisiane. Comme on pouvait lire sur une pancarte de la manifestation à New York, « la faim en Haïti est crée par les USA ».

La manifestation d’urgence de front uni demandait au gouvernement dominicain d’arrêter la déportation et la persécution officielle des travailleurs haïtiens. Les groupes participants étaient tous d’accord que tout le monde en République Dominicaine, ou aux États-Unis, doit avoir les mêmes droits. Mais il faut dissiper les illusions qu’en faisant pression sur le gouvernement bourgeois, il sera possible de réformer la nature fondamentale du capitalisme, qui produit le racisme, la pauvreté et la guerre. Aucun gouvernement capitaliste  dominicain ou américain ne peut fournir la justice et l’égalité pour la classe ouvrière.

Des militants de l’Internationalist Group ont souligné que, pour éliminer l’extrême pauvreté qui à des degrés différents touche les travailleurs des deux côtés de cette île luxuriante, une révolution socialiste internationale est nécessaire qui s’étende jusqu’aux États-Unis impérialistes. C’est pourquoi le slogan crié à la fin « Travailleurs dominicains et haïtiens unissez-vous », est si important. Les travailleurs unis dans la lutte doivent surmonter la haine inculquée par leurs exploiteurs capitalistes qui cherchent à « diviser pour régner » sur les exploités.

L’Internationalist Clubs à l’Université de la Ville de New York (CUNY) cherche à informer et éduquer les étudiants sur la nécessité de construire un parti ouvrier révolutionnaire qui défend la cause de tous les opprimés. n


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